Le Trésor Des Kerguelen

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180 Le Canal du Midi, cette jonction mer - océan…

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180 Le Canal du Midi, cette jonction mer - océan…

 

 

     Ah le canal du Midi… une jonction mer – océan, certes, mais aussi du folklore.

 

     Le canal du Midi au cours de l'année offre deux paysages complètement différents. Oh certes, le paysage géographique lui, ne change pas, il est de toute beauté et ces 500 kilomètres de voies navigables sont classées par  l'UNESCO, au patrimoine mondial de l'humanité. Non, ce qui change ce sont les bateaux et les gens qui le fréquentent, en fonction de la saison.

 


NB : Passage de l'Ouvrage du Libron. Un aqueduc mobile complexe et unique en son genre.  Ici, convoyage d'une vedette pour le Salon Nautique du Cap d'Agde - Novembre 2012 - Passage dans l'Ouvrage du Libron.


Il y a la "période calme" entre le 15 septembre et le 15 mars, autrement dit durant l'automne et l'hiver. Là vous trouverez les habitués du canal, ceux qui ont une péniche, pénichette ou même des bateaux de haute-mer, calant peu. Ils viennent voguer, traîner (ou hiverner) par ci, par là, en amoureux de la nature, des eaux calmes et des campagnes profondes…

 

Puis il y a la "période agitée" entre le 15 mars et le 15 septembre. Là, vous trouverez à vos côtés des touristes en mal de sensations fortes. Ils proviennent en grande majorité, de nos pays voisins. Ceux-ci viennent sur le canal pour "louer un Boat" et parcourir cette voie fluviale "à fond les manettes". Vu le prix et le temps moyen d'une location, celle-ci ce sera toujours effectuée au triple galop ! Et il y en a des chevaux sous les capots… Attention sur les côtés, prière de se ranger près de la berge quand « ils » arrivent… C'est une horde de chevaux de labour, lancés au galop (et pas très respectueux des autres usagers, de notre réglementation…). Conclusion : avec eux, gare aux coups de sabots, jusque dans votre propre monture (...et les arches de ponts, en témoignent de couleurs, de traces et de bugnes …de leurs passages !).

 

Alors voilà, si vous avez décidé de passer par ce canal pour relier l'Atlantique à la Méditerranée (ou l'inverse), eh bien suivant la saison, attendez-vous à voir passer autour de vous, soit de "gentils mulets", soit des "chevaux sauvages au galop" (conduits par des "ânes récalcitrants"). C'est selon la période…

 

Mais pour tous ceux qui ont eu le plaisir de descendre (et/ou monter) cette magnifique voie navigable, c'est un souvenir inoubliable, un parcours jalonné de merveilles, vraiment !

 

 

 

Côté réglementation…

 

     Curieusement si vous louez un bateau (là je parle d'une péniche de 15 mètres, pas d'un youyou de plage… !), eh bien vous n'avez besoin d'aucun permis pour le piloter. Et si "par malheur", vous vouliez l'acheter pour continuer de vous balader avec, eh bien à ce moment-là, vous aurez grand besoin d'un "permis fluvial", en bonne et due forme. Cà, c'est le grand mystère de la conduite des bateaux sur les voies fluviales de France et de Navarre.

Autrement dit, même si vous n'y connaissez rien du tout, vous pouvez louer une péniche, on ne vous demandera rien. Et, du jour au lendemain, si vous devenez l'heureux propriétaire d'une pénichette, ne pensant qu'à vous balader tranquillement en rêvant, eh bien là, on vous demandera instamment de passer votre "permis de piloter". Comme réglementation, on ne peut pas faire plus idiote. Pour les voiliers en transit, pas de souci particulier, rien n'est demandé.

 

Tous les habitués du canal du midi (et autres canaux de France), connaissent cette hérésie, mais c'est ainsi et il faut le savoir. Mais c'est surtout sur ce canal du midi que l'on trouve ces « loueurs de péniches touristiques » (plus de 350 bateaux sont en location sur le canal en 2012). On les reconnaît facilement, ces bateaux ressemblent à des Cruisers de haute mer tout en étant construits comme « fétu de paille ». Et pour leurs équipages et/ou passagers : bien souvent des bandes de fêtards ne comprenant pas un traitre mot de la langue de Molière ! Leurs apparats ressemblent le plus souvent au célèbre feuilleton :  "la croisière s'amuse", jusqu'aux rutilants galons et casquette du "capitaine"... Passons !

 

Pour le passage, il est nécessaire de s'acquitter également d'une taxe de navigation « des eaux intérieures», dite Vignette VNF (pour Voies Navigables de France – organisme qui gère le domaine fluvial). Il est possible de prendre toute ou partie de l'année (est calculée sur la surface, prise au carré L x l, de votre bateau). Vous pourrez l'acheter à la première écluse venue ou dans les bureaux du VNF jalonnant le parcours (aussi sur le Net via le site VNF).

 

La vitesse est limitée à 8 km/h pour la plaisance et 6 km/h pour les plus gros bateaux. Autre particularité, sur le canal du Midi, il n'y a plus de péniches de "transport commercial lourd", seulement des bateaux « touristiques à transport publique». Cela ne les empêche pas d'être aussi grosses, avec cependant nettement moins de tirant d'eau et plus de déco. Pour finir, ces professionnels publiques du canal sont prioritaires au passage des écluses ; pas les « touristes privés».

 

 

 

Standard des dimensions pour le passage…

 

     Si vous devez emprunter ce passage fluvial, voici les dimensions maxi d'encombrement que vous pourrez avoir pour le bateau. Ces dimensions sont limitées uniquement pour le passage des nombreuses écluses et ouvrages d'art sur le parcours.

 

Longueur maxi 38m (A partir de Fonsérane - à monter : 30 m seulement)

Largeur maxi 5,50m

Tirant d'air maxi au dessus du niveau de l'eau : 3m.

Tirant d'eau maxi théorique : 1,80 m  (au milieu du canal, sur les bords = moins !).

 

Le profil standard du canal est le suivant… largeur moyenne 18 m et un canal central est creusé à 2m de fond pour 10m de large. Sa section est donc en forme de cuvette évasée vers les bords. Ces bordures remontent en pentes douces et là, on trouve seulement entre 1m à 1,30 m d'eau, rarement plus. Attention, certaines berges sont garnies de pieux de garde, peu espacés (renforts de berges instables) et parfois aussi (presque) invisibles.

 

 

     Le canal va de Bordeaux à Sète en débouchant dans l'Etang de Thau* à Marseillan / Les Onglous. Dans sa partie Ouest, il commence par le canal latéral à la Garonne (258 km pour 53 écluses – 128 m de dénivelé) et on arrive à Toulouse. Puis ensuite, c'est le canal du Midi proprement dit (240 km pour 62 écluses). L'ensemble du parcours représente donc environ 500 kilomètres pour 115 écluses. Suivant la saison et votre vitesse avec le bateau (et météo), il faudra compter au minimum 5 à 6 semaines pour effectuer ce parcours. Mais encore une fois, ce cheminement fluvial est magnifique, grandiose parfois. Cela vaut vraiment la peine de prendre son temps et de visiter les nombreux villages médiévaux, châteaux Cathares, Bastides, Oppidum et Circulades, sur le parcours.

De plus pour les amateurs d'architecture, les ouvrages d'art sur sa route sont parfois époustouflants. C'est ainsi que l'on trouve dans le sens mer – océan : L'ouvrage du Libron (près de Vias : un aqueduc mobile), le Grand Aqueduc de Béziers, l'escalier de Foncérannes (7 écluses en cascade, juxtaposées) et sa pente d'eau voisine (n'a jamais fonctionné), le Tunnel de Malpas puis les aqueducs de Moissac et d'Agen. De nombreux autres "petits escaliers" de 2 ou 3 écluses en cascade, égrènent aussi le chemin. Ou encore ces spectaculaires épanchoirs (digues crénelées en pierres permettant de drainer les marais attenants le canal, régulièrement disposées sur les berges).

Beaucoup d'entre elles sont automatisées. C'est vous qui déclenchez le système à la demande. Il n'y a pas de réelles difficultés sur l'ensemble du parcours. Le passage des écluses nécessitent néanmoins un équipier aguerrit à ces manoeuvres.

 

* Etang de Thau : Le canal traversant l'Etang (pour rejoindre celui du Rhône-à-Sète, côté Frontignan), sur près de 18 km de long, ne peut pas être franchi si le vent est supérieur à 15 km/h. Il faut donc attendre une période favorable à ses extrémités, entrée ou sortie.

 

 NB : Depuis 2011, une vaste campagne d'abattage des platanes (atteints du chancre roux) bordant le canal du midi est commencée. Il peut donc y avoir des portions de bief, neutralisées pour ces travaux (devraient durer 10 ans - 42000 arbres à abattre !). Consulter le site du VNF pour suivre ces "périodes chômées"- avec parfois une mise en place provisoire de bartadeaux.



Juste un peu d'histoire…

 

     Ce canal du Midi est né du rêve d'un seul homme, Pierre Paul de Riquet, noble Baron de Bonrepos, un ingénieur intendant du roi Soleil, Louis XIV. En 1666, ce Noble Baron émit le souhait de relier la mer à l'océan par un canal artificiel. Les déblais du canal servant à consolider ses berges pour en faire un chemin de halage. Chemin qui servirait aussi de digue de protection aux terres environnantes.

 

Cette idée était tellement révolutionnaire à l'époque qu'on le prit de suite pour un "dérangé de la perruque". Les travaux débutent néanmoins et son idée initiale restera toujours vivace : relier la mer et l'océan. Il ne manquait qu'un bonhomme encore un peu plus téméraire pour la finaliser... Eh bien voici Sébastien Vauban, qui arrive 15 ans plus tard pour continuer l'oeuvre de PP Riquet. Ce maréchal de France nous a laissé un tas de fortifications. C'est encore lui qui dessinera le tracé du canal latéral à la Garonne, finalisant ainsi le rêve du Baron Riquet.

     PP Riquet meurt en 1680 avant d'avoir vu achevé son rêve. Le canal du Midi sera opérationnel l'année suivante en 1681, la jonction est faite jusqu'à Toulouse. Là, il y a la Garonne qui descend vers l'océan. La liaison maritime est donc possible. Le trafic commercial prend de l'essor avec les années. Mais les choses sont compliquées avec la traversée des grands domaines. Les Seigneurs ne voulant pas perdre leurs terres ni les voir scinder parfois en deux à cause d'une nouvelle voie fluviale qui couperait encore leurs parcelles, leurs forêts… Il faudra attendre 176 ans, jusqu'en 1838, avant de voir se faire réellement la jonction directe de la mer à l'océan. Elle se fera sous Louis-Philippe (à la seconde Restauration donc) avec le creusement du canal latéral à la Garonne et de voir s'ouvrir enfin, définitivement, une liaison fluviale directe, mer - océan.

 

Mon cher PP Riquet, vous pouvez reposer en paix : votre œuvre a été achevée et c'est une merveille.

 

 

 

Qu'on se le dise …et bon vent !

 

 

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