Le Trésor Des Kerguelen

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182 Manœuvrer son bateau…au moteur, aisément…

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182 Manœuvrer son bateau…au moteur, aisément…

 

 

     On entend bien souvent les voileux se plaindre que leurs bateaux ne manoeuvrent pas bien (en marche arrière principalement…). Il est vrai que les moteurs auxiliaires des voiliers sont souvent de faible puissance donc poussifs, plus encore en marche arrière.

Tout ceci est bien réel, hélas pour nous !

Mais il y a quand même quelques petites astuces à savoir et à appliquer pour comprendre et utiliser les « travers » de nos aides auxiliaires…

 

 

Rendement des moteurs et hélices …

 

     En premier il faut savoir que le rendement d'un moteur thermique est bien faible. La puissance réelle disponible sur l'arbre, ne sera guère plus que le tiers disponible « officiellement sur le papier ». Ensuite il reste l'hélice qui elle aussi, à son tour, ne va pas donner un rendement bien extraordinaire. Ce sera encore à nouveau de cet ordre de grandeur ! En clair, sur vos 40 chevaux de départ, il reste 1/3 de 30%...ce qui fait grosso modo 10% du départ soit : 4 bourrins sur les 40 théoriques du papier. Ceci pour la marche avant car en marche arrière, aille aille aille, on diminue  encore le rendement, environs de moitié.

Traduction : il vous restera deux bons canassons qui vous pourront vous tirer, en marche arrière.

 

Constat, piètre résultat…on voit que les chevaux vapeurs s'amenuisent rapidement.

 

Mais ce n'est pas encore fini…

     Comme l'hélice ne pousse pas réellement sur l'axe de l'arbre mais légèrement de traviole*, il y a des effets secondaires et donc encore des pertes. Mais là n'est pas le vrai problème au fond…

En effet, si l'hélice pousse de guingois, le voilier va donc avoir des tendances à partir plus facilement d'un côté que de l'autre dès l'instant qu'il y aura mouvement. C'est ce qui s'appelle l'effet de chasse (en voiture on trouve aussi cet effet, par les termes "survireuse" ou "sous-vireuse" – la cause est différente mais l'effet identique …d'où, le contre braquage). Revenons au bateau…

Ainsi, si votre hélice tourne vers la droite (pas à droite) en allant en avant (vue de l'arrière du bateau), elle aura tendance à pousser aussi un peu vers la gauche de l'arrière donc le bateau aura tendance à chasser de l'arrière à droite (l'avant partira donc à l'inverse, à gauche). Maintenant si vous mettez en marche arrière, l'hélice va tourner dans l'autre sens et là les effets pervers du pas et de la rotation vont pousser à l'opposé. Sachant qu'en arrière les rendements sont encore plus mauvais qu'en avant, les effets pervers se feront donc plus ressentir et viendront contrer davantage encore votre manœuvre.

Ces effets secondaires de pas d'hélice et de sens de rotation sont de vrais casses têtes !

 

* Poussée ou traction d'une hélice : La poussée ou la traction d'une hélice est le "maigre travail" de la résultante d'un parallélogramme de forces composées. Résultante qui va nous donner une force de poussée principale (parallèle à l'axe de rotation) et une force secondaire (parasite) presque perpendiculaire à celui-ci !  Heureusement pour nous cette dernière est nettement plus faible mais elle existe cependant et on ne peut pas la supprimer. Cette force parasite (dite de chasse) va s'effectuer d'un côté ou de l'autre de l'axe suivant le sens de rotation initial de cet arbre.

 

 

 

Essais, détermination des effets parasites…

 

     Le mieux est de faire de simples petits essais en mer, par calme plat.

Vous mettez la barre bien dans l'axe, moteur au ralenti puis vous poussez un peu les gaz. Là, vous verrez de suite dans quelle direction le bateau aura tendance à partir. De même en marche arrière, vous effectuez la même manœuvre et vous verrez de suite que le bateau aura toujours tendance à vouloir partir sur un même côté. Eh bien après ces constatations, il ne vous restera plus qu'à bien retenir et exploiter ces deux tendances. Rappelez-vous bien le sens où il part naturellement – en avant gauche –vu vers l'avant - et en arrière droite - vu vers l'arrière (par exemple). Après cela lors des manœuvres, il suffit d'utiliser cette « fâcheuse tendance » pour tout ce qui sera déplacements dans un endroit confiné ou réduit. Surtout ne pas vouloir forcer le bateau à faire l'inverse car ce sera toujours se compliquer la vie et les manœuvres pour rien, sinon perdre son temps.

 

 

En utilisant la tendance naturelle (et parasite) de votre bateau, vous verrez que ce sera bien plus facile de manœuvrer dans un port pour entrer ou sortir de son poste, surtout si la place est étriquée. Mais il faut commencer par là : bien observer ses tendances « naturelles ».

 

 

 

Conclusion…

 

     Il faudra composer avec ce handicap et en tenir compte lors des manœuvres.

C'est ainsi que sur les avions, pour prendre un exemple précis et concret, on cale l'axe de rotation hélice à environ 2 ou 3° à droite (par ce que le moteur tourne vers la droite vu de la place pilote – sur les avions Russes par exemple c'est le contraire). Ceci pour compenser la force de chasse due à l'effet hélice. Cette correction est indispensable et peaufinée en voltige aérienne, sinon, il serait impossible de faire des figures parfaites ! Sur certains avions par ailleurs (bimoteurs légers) on compense ces effets pervers en installant des moteurs contrarotatifs. Le moteur gauche tourne vers la droite et le moteur droit tourne à l'inverse, vers la gauche. Ainsi les effets pervers (de chasse) s'annulent tout en permettant une symétrie de forces sur l'empennage vertical (direction).

 

Sur les bateaux eh bien cette force parasite va s'inverser en compliquant un peu plus les choses, suivant que l'on fait de la marche avant ou arrière. Certains bateaux ont d'ailleurs l'arbre d'hélice décalé (à gauche), d'origine pour compenser cet effet parasite. Il permet en plus de pouvoir sortir l'arbre aisément vers l'arrière – (passe ainsi sur le côté du safran).

 

 

Dernier conseil…

 

     Si, embrayé en avant sans avoir encore de vitesse, le bateau répond déjà aux sollicitations « moteur », il n'en sera pas de même en marche arrière. En effet, en "reverse", le safran est totalement inopérant tant que le bateau n'a pas encore de déplacement. Une fois pris un peu d'erre, oui, le safran commence à réagir mais se rappeler qu'en arrière il faut impérativement du mouvement pour avoir de l'effet de direction (un peu moins vrai sur les safrans compensés).

 

Quand on connaît bien son bateau et les effets secondaires du couple moteur – hélice, on peut pratiquement faire faire demi tour à son bateau sur place. Ceci simplement en faisant : un peu avant, un peu arrière, un peu avant, un peu arrière, etc…/…en utilisant l'effet parasite de chasse !  Si vous utilisez en plus la barre pour aider… on arrive à effectuer un 360° "sur place", ce qui épate toujours les voisins de pontons.

On en n'est pas pour autant un « grand marin extra ordinaire », non, mais on sait exploiter au moins simplement, les effets pervers de son moteur…

Et c'est déjà très bien.

 

 

Qu'on se le dise …et bon vent !

 

 

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