Le Trésor Des Kerguelen

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062 kerguelen et sa panoplie de pêche...

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062 Kerguelen et sa panoplie de pêche…

 

 

 

     Si la pêche est devenue un loisir, il n'en demeure pas moins que cette activité peut être une source de nourriture très appréciable lorsque l'on parcourt la planète, surtout dans les endroits sauvages et isolés de tout approvisionnement.

C'est le cas au large (grande traversée) pour fournir du poisson frais et aussi dans les zones inhospitalières pour y vivre, sinon survivre en s'y retrouvant involontairement bloqué…

 

Au départ, à bord nous n'étions pas spécialement des férus de la pêche en mer. Nous avions, hormis un lancer léger et une mitraillette à maquereaux, un petit tramail breton de 25 m. Puis, petit à petit, nous avons acheté ou fabriqué le matériel adéquat pour s'adapter aux spécificités des régions tropicales.

 

C'est ainsi que nous avons acquit des fusils de chasse sous-marine. Les Antilles foisonnaient de poissons de roches ou de langoustes.

Puis avec les traversées, plus ou moins longues, nous avons faits des lignes de traînes et acheté des cannes et moulinets de pêche au gros. Le temps passant, nous avons appris aussi à pêcher au casier, à la palangrotte ou à l'épervier. La pratique des grands estuaires de fleuve nous a fait découvrir la pêche à la crevette. C'est ainsi que nous avons fabriqué un véritable petit chalut Breton. Son efficacité nous a bien surpris !

Dans le Grand Sud argentin nous nous sommes mis à la pêche au Devon (pêche au calamar).

Voici en résumé, notre expérience dans ce domaine et les différents moyens de pêche, utilisés à bord…

 

 

Pêche à la traîne :

 

     Concernant la pêche à la traîne, il n'est pas vraiment indispensable de posséder des cannes. Le plus important étant d'avoir un (des) bon moulinet à tambour horizontal, tout inox. Le matériel de base peut être une simple"planchette enrouleur". Mais cet appareil a vite ses limites eu égard de la taille des prises.

 

Une astuce à savoir également c'est que la pêche sera bien meilleure si vous mettez plusieurs lignes dans vote sillage au lieu de une seule. Souvent on se dit : une ligne sera déjà bien du boulot si ça mord alors deux, non ! Eh bien cette idée n'est pas spécialement bonne car les "chances de prises" seront nettement améliorées si vous en mettez plusieurs car cela simulera un banc de petits poissons. Nous avons vérifié cette particularité bien des fois. A bord de Kerguelen, nous avons toujours fait de très bonnes pêches à la traîne. Notre secret… ? Avoir au moins 3 ou 4 lignes en même temps dans le sillage. Parfois nous en mettions jusqu'à 6 ou 7 ! Les lancers toujours en en extérieurs, les moulinets seuls montés directement sur les chandeliers puis des planchettes sur les pataras et au centre.

Les lignes sans canne étaient tendues par des sandows (pour éviter de casser sur un départ - très efficace) et garnis d'un petit grelot . Curieusement c'était presque toujours durant les repas que les grelots nous appelaient au travail !

 


Voir le petit schéma de distribution de ces lignes, ci-dessous.


 

 

 

Concernant les leurres voici quelques petites astuces également, fruit de notre expérience.

 

Pour le thon ou la bonite, on utilisait des mitraillettes, montées avec 3 ou 4 hameçons. Nous avons remarqué que ce sont les poulpes mixte, rose et blanc, qui marchaient le mieux et à condition aussi de traîner la ligne en profondeur (donc plomber la ligne avec une olive de 25 ou 30grs au moins).

Pour la coryphène ce sont les leurres tout blanc qui marchaient le mieux et, eux, il faut les traîner carrément en surface dans le remous des vagues et le plus loin possible (donc alléger au maxi le poids de l'olive). Les coryphènes sont de grandes nageuses rapides mais très méfiantes.


pêche à la coryphène...



Pour l'espadon ou le marlin…

Un il faut être "monté gros" (car poisson puissant et combatif) et ...

deux,  traîner des poissons nageurs genre Rapala, ou poulpes gros modèles. On peut aussi traîner une petite bonite (prise avant et installée vivante pour pouvoir encore nager)…

Mais ne pas oublier que les grosses prises sont souvent sources de soucis ou d'ennuis (obligation de stopper le bateau, casse du matériel…).

 

 

Pêche au plancton :

 

     Nous avons fait à bord un filet de traîne à plancton. C'était juste histoire d'apprendre à récolter cette manne de l'océan. Il faut un filet très fin genre tulle et, en premier, il faut le faire assez long sinon il ne ramasse rien. Ensuite pas trop large sinon la traînée est phénoménale. Dernier point, il faut être patient. Il faut 2 ou 3 heures de ratissage pour avoir une seule cuiller à soupe de cette poisse colorée, gluante et bizarre, le plancton. Nous avons regardé dans le détail et à la loupe cette chose : il y a de tout là-dedans ! Bon c'est une chose qui existe et qui a "goût de chiotte" pour reprendre une expression chère à …Crocodile Dundee !

Si un jour on devait se nourrir avec cela : eh bien, nous savons.

 

Le filet à plancton est fixé sur l'épuisette (fixée au balcon arrière) et traîné par un bout frappé à l'avant du bateau. 


On la voit ici en action dans l'eau.

 



 

Pêche au tramail :

 

     La pêche au filet dormant est une chose facile. Le hic c'est que, en climat tropical, le poisson meurt très vite une fois pris dans le filet. Il faut donc le laisser peu de temps dans l'eau. Ca c'est le premier point.

Second point, les prises, parfois synonyme d'ennuis. Dans les zones tropicales, il est fréquent d'attraper des bébés requins et ces poissons sont combatifs. Ils détruisent facilement vos filets ou pire, si c'est un gros que vous avez piégé, il part avec tout votre attirail. Les plus nombreux dans le genre étaient les requins : bleus, marteaux, requins scies et (dans les grands estuaires du monde entier), les silures (poissons-chats à barbillons – pas spécialement goûteux). Une plaie ces "gros moustachus"… !


La surprise à la sortie du tramail... les 3/4 des poissons sont des requins.

Mais il y a aussi un bel acoupa (sorte de brochet de mer, délicieux).




Alors la règle pour pêcher au tramail,

1 c'est de le laisser seulement 1 heure ou 2, grand maximum.

2 de le mouiller avec une ancre pour ne pas être entraîné.

3 posséder une navette pour les réparations car souvent abîmé, déchiré !

 

 

Pêche au casier :

 

     C'est aux Antilles que nous avons commencé à pratiquer cette pêche passive.

J'ai construit plusieurs de ces nasses à crabes, à langouste ou à poissons. C'est le crabe que nous visions principalement. Cela marchait bien. Le secret de ces pièges est tout simplement de bien les appâter. Rien à dire de plus sinon que, à la fin, je les avais fait en plastique (avec un grand panier à linge) rendant leur entretien quasi nul (des concrétions calcaires s'installent avec le temps - calcaire, moules, huîtres…).

On peut aussi les faire en grillage (genre clôture de jardin). Inconvénient de ces nasses, il faut les baliser et donc les exposer aux accidents (hélices)  ou aux rapines (vols).

Mais c'est encore un bon moyen de se procurer de la nourriture facilement.

 

 

Pêche au mini chalut :

 

     J'avais construit cette petite merveille au Brésil pour pêcher la crevette. Cela fonctionnait vraiment bien.  Voir le chapitre 129 du tome I où je décris cette pêche, ici…

 

 

Pêche au flotteur dérivant :

 

     Il est une pêche qui se pratique dans le Pacifique et que nous avons testé pour un poisson particulier, le mulet (ou muge). On prend un morceau de Polystyrène épais, un carré grand comme un coussin de chaise et on y accroche dessous pleins de bas de lignes (très courts) avec des hameçons fins garnis de vers ou de coquillages (décortiqués). On laisse dériver cet engin, un "petit radeau" en somme. Inconvénient il faut le surveiller et le suivre. Mais cela marche bien pour pêcher ce bon poisson très méfiant. Il est très difficile à attraper à la ligne. Ce petit radeau est la base de travail des DCP, les "dispositifs à concentration de poissons" utiliser par les Polynésiens pour pêcher au large tout en dérivant.

 

 

Pêche à la palangrotte :

 

 

     Cette pêche se pratique en dormant ! Il suffit de mettre sous son bateau une ligne appâtée (très solide + un bas de ligne acier) avec un petit poisson vivant. En général si vous dormez à bord et que vous prenez du gros, ne vous inquiétez surtout pas, vous serez réveillé à temps avec le raffut qui s'en suivra !

Particulièrement efficace pour le mérou ou la loche.

Un exemple décrit dans le chapitre 116 du Tome I…ici…

 

 

Pêche au devon :

 

     Cette pêche est faite exclusivement pour pêcher la sèche ou le calamar. Il y a une saison, aussi fonction des zones.

Il faut avoir un lancer léger ou semi léger et y accrocher une crevette artificielle.

Soit une vraie "fausse crevette" avec la griffe d'hameçons montés en parapluie renversé dans son pourtour arrière (appelée aussi turlutte) ou bien avoir un Devon, cette pseudo crevette est un petit poids lesté, garnis d'une multitude d'hameçons. Il faut savoir aussi que cette pêche se pratique surtout à la tombée de la nuit, la lumière attirant fortement les seiches ou les calamars.

 

Il faut jeter et ramener sans cesse. Mais lors de la saison, cette pêche est facile et donne beaucoup depuis un bateau ou même depuis la côte.

 

 

Pêche à l'épervier :

 

     Nous avons mis un certain temps avant de nous mettre à cette technique ancestrale de pêche. C'est aux Antilles que nous avons observé souvent les pêcheurs utiliser cet engin bizarre qui vole comme une crêpe au lancer. La technique n'est pas si facile à apprendre mais avec un peu de persévérance, on y arrive. Nous avons fait l'acquisition d'un épervier de 4 m de diamètre. C'est un petit modèle mais bien assez pour nous autres amateurs. Il permet de capturer les petits alevins se promenant en banc près des bords et même des bancs de sardines ou d'anchois venus se réfugier sur les berges.

Donc ustensile intéressant à avoir dans sa panoplie du parfait pêcheur.

 

 

Pêche au coup :

 

     Cette pêche est tellement simple qu'on n'y pense même pas. Nous avions appris aux enfants cette technique simple à mettre en œuvre depuis le bord du bateau ou depuis les rochers. Nous l'avons utilisé régulièrement, beaucoup en Uruguay sur les rivières et les îlots du Pacifique.  Une canne légère suffit. Il y a des bambous partout si vous n'avez pas de petite canne. Comme appât on utilisait des sauterelles, des escargots, des insectes ou de petits vers de vase ramassés sur les berges.

 

 

Pêche au fusil harpon :

 

     Grosso modo, il y a 3 sortes de fusils harpons.

Les courts (-de 50 cm de long), servant à pêcher au trou, pour les crustacés.

Les moyens (de  50 à 100 cm), pratiques pour tout !

Les longs (+ de 1 m) servant à pêcher dans le bleu, en pleine eau.

 

A bord, au début, j'ai utilisé un court pour les langoustes mais l'inconvénient de ces petits fusils, c'est que justement ils sont très courts. Ils sont pratiques pour manoeuvrer dans les trous et sous les patates de corail mais imprécis pour viser un poisson en pleine eau. J'ai donc abandonné ce mini pour un fusil harpon moyen.

Pour avoir de la puissance en pleine eau, j'ai pris un modèle à double sandow. Ensuite, je l'ai modifié en y montant (fixé par 2 serflex), un dévidoir pour y emmagasiner un cordon de flèche de10 m.

Ce petit truc, très simple permet de récupérer la flèche à coup sûr. Car si le fusil est puissant (cas avec 2 sandows), le filin de retenu de la flèche, très court à l'origine, maximum 2 mètres, finira par se casser. Et là, la flèche risque fort d'être perdue !

Deuxième avantage d'un long filin, c'est que vous pouvez flécher un poisson à la surface depuis l'extérieur, ou bien en eau trouble "sans voir le fond". Un atout supplémentaire, parfois bien utile, pour faire de bonnes pêches.




Matériel supplémentaire :

 

     Concernant le reste du matériel, nous avions en plus, des accessoires… Par exemple, une épuisette pour sortir les petites prises (jusqu'à 3 – 4 kg) et une gaffe à poisson, ustensile indispensable pour les gros. Cette gaffe était tout simplement un énorme hameçon à requin solidement fixé sur un manche. Il n'est pas question de sortir de l'eau, en tirant  par le fil une grosse prise (réel danger de coupure sévère – utiliser de bons gants en prévention). Il est fréquent de prendre des thons, skipjack, bonites, thazards, carangues*, coryphènes, ou autres barracudas*, de plus de 5 – 6 kilos... (voire même un espadon ou un marlin de 12 ou 15 kgs)…. Il faut donc crocheter le poisson dans l'eau et le monter avec la gaffe. Dernier conseil, amarrer aussi cette gaffe (avec une garcette) avant de s'en servir pour l'assurer au bateau (sinon peut passer par-dessus bord avec un sursaut de la bête).


Matériel de pêche sur Kerguelen...



 

* Se méfier des grosses carangues et barracudas. Ces deux espèces sont "mixtes" quant à leurs habitudes alimentaires et peuvent être affectées par la ciguatera (voir le nota ci-dessous).

Personnellement, je n'ai jamais consommé de barracuda car ces poissons (appelés wahoo, ou aussi chien de mer) dégagent une forte odeur d'ammoniac. Ces deux espèces ne sont vraiment pas engageantes, mais elles sont comestibles.

 

 

N B : Pour les amateurs de pêche, il faut aussi veiller à la ciguatera*. C'est une algue microscopique qui peut intoxiquer les poissons de coraux. Les poissons du large, en particulier les prédateurs de haute mer ne sont jamais affectés par la ciguatera. Par contre en climat tropical, pour tout ce qui concerne la pêche dans les coraux, sur les côtes comme sur les îles, il est prudent de se renseigner près des populations locales ou des pêcheurs, pour savoir si la zone de pêche est affectée par ce fléau, plus ou moins saisonnier. Parfois des zones proches sont différentes. Les crustacés ne sont jamais affectés non plus par ce mal (langoustes, cigales, crabes, crevettes).

A prendre donc très au sérieux, des cas graves d'intoxication sont connus un peu partout dans le monde où ce mal sévi. Connu aussi parfois sous le nom de "gratte".

 

Un cas particulier également concerne la "maréa roja" (l'algue rouge), que nous avons vécu en Argentine et au Chili. C'est encore une algue toxique qui envahit les moules, les pousse-pieds et les huîtres de façon saisonnière. Les autorités lancent des alertes par des AVURNAV  VHF en général, pour ces risques. A écouter impérativement !

 

 

C'était notre expérience dans ce domaine de la pêche tout azimut…

 

Qu'on se le dise …et bon vent !



 * Ciguatera, doc ici pour faire connaissance avec ce problème...

 



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