191 Drapeaux et Pavillons de courtoisie…
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191 Drapeaux et Pavillons de courtoisie…
Chaque navire* étant un tout petit morceau du territoire national auquel il est rattaché, on se doit donc d'arborer de jour, haut et clair, son pavillon national. Ca c'est un premier point crucial dans notre domaine maritime, il faut donc envoyer son pavillon national à la poupe de son navire.
Mais lorsque l'on arrive dans un autre pays, eh bien (par mesure de réciprocité de la fierté nationale, fort probablement au fond...), il faut également envoyer dans la mâture le pavillon du pays qui vous reçoit. C'est le pavillon de courtoisie.
Celui-ci s'envoie à droite dans la mâture principale (ou au sémaphore). A gauche, vous pourrez avoir un drapeau régional, une flamme « des frères de la côte », un emblème de la compagnie, un guidon de club ou même une devise personnelle...
Arrivés en terres étrangères, là, on tutoie aussitôt un nouveau monde : celui de la haute diplomatie.
Car si vous oubliez ce détail, beaucoup de pays, par la pyramide de leurs représentants « dûment uniformisés et mandatés », sauront vous faire remarquer que leur pavillon est absent sur votre navire. On trouve aussi plus raffiné... Par exemple, lorsque vous arborez en l'honneur du pays, un drapeau pas tout à fait conforme ou bien encore un peu abîmé…Et que par conséquent, il faudra le changer pour en mettre un autre, conforme, un propre ou un neuf ! La délicatesse dans ce domaine n'a pas de limite. On vous en propose un parfois, illico, et en général à un prix prohibitif, évidemment.
J'ai vu cela plusieurs fois.
Si bien qu'avec les années, le budget pavillon n'arrêtant pas d'augmenter (j'en ai plus d'une centaine à bord !), je me suis mis à les fabriquer moi-même. Il suffit pour cela d'avoir des morceaux de tissus de toutes les couleurs et une machine à coudre. Ensuite pour les dessins, si le pavillon possède un emblème ou des armoiries dessinées dessus, de la peinture acrylique en petits pots et du doigté suffiront.
Certains drapeaux sont simples à fabriquer (France, Belgique, Pays bas, par exemple) d'autres un peu plus travaillés car constitués de nombreuses bandes, plus ou moins étroites et/ou biscornues (Dominique, USA, Union Jack…). Les plus sophistiqués sont ceux possédant un dessin incrusté dedans comme des armoiries (Monténégro, Grenade, Fidji…) ou aussi une devise (cas du Brésil). Là certains états font très fort en cumulant même toutes ces difficultés. Ils vous donneront bien du travail pour les fabriquer. Mais encore une fois, ce travail sera toujours récompensé car dans certains pays, ce sont les autorités elles-mêmes qui viennent vous vendre leur pavillon et parfois à un prix, à la limite du racket (vu près de 100 $ US pour un petit pavillon).
Ne négligez pas ce point du pavillon de courtoisie car dans certains pays, cela pourrait vous amener bien des ennuis. Cela a été notre cas au Brésil avec un pavillon, conforme certes mais qui était envoyé depuis plus de 6 mois déjà dans la mâture. Donc il commençait a gueniller un peu, c'est vrai (pas beaucoup mais cela a suffit à un agent portuaire pour nous infliger un procès et une amende). Voir ici, le récit de cette aventure rocambolesque…
Astuce…
Si vous n'avez pas encore eu le temps de fabriquer le pavillon de courtoisie du pays d'accueil, laissez en place votre pavillon Q (demande de libre pratique) cela, même si vous avez déjà fini vos formalités d'entrée. Ainsi en cas de contrôle inopiné d'une autorité, le fait d'avoir le code Q encore en place vous marquera de fait comme « en cours de clearance* » et vous protègera sans doute d'investigations plus poussées.
NB : Se méfier des anciennes colonies anglaises car certaines d'entre elles, ont leur propre drapeau tout en affichant aussi l'Union Jack (sont toujours sous protectorat donc se renseigner).
Sur ces formalités d'entrée, on voit vraiment de tout et il y aurait de quoi faire une thèse à Sciences-Po… Dans certains pays, il faut 10 minutes montre en mains pour faire les quatre bureaux à la suite (Douanes, Immigration, Santé, Capitainerie), le tout gratuitement et avec le sourire des préposés à cette fonction (cas en Uruguay, Malaysie…). Dans d'autres pays il faut une semaine pour faire la même chose en payant cher et en plus d'être enquiquinés jusqu'au cou. Parfois, il faut même y revenir 4 ou 5 fois de suite, car il manque toujours quelque chose (papiers, tampons, ou copies d'actes…) et les lieux sont disséminés dans la ville, donc trajet, coût, temps (cas du Brésil, Venezuela…). Dans certains pays tatillons, ils viennen t systématiquement à bord et passe tout au peigne fin (Cas de l'Australie – ils passent même toutes vos conduites au détergent et plonge sous votre coque voir si, vous n'ameneriez pas des « bestioles zétrangères » en douce !). Ce pays tient le haut du pavé concernant la paranoïa…! Et si vous avez un animal à bord, aille aille aille, véto, vaccins, quarantaine, visite obligatoire chaque semaine : prohibitive, la visite au pays des kangourous !
Certains pays ont des lois bizarres et strictement appliquées. Cas des USA, par exemple… Quand on arrive dans ce pays pour le premier toucher, il est rigoureusement interdit de jeter sa « poubelle dans une poubelle » ! Celle-ci doit être obligatoirement incinérée avec procès écrit à l'appuis. Un papier administratif le certifiant, vous est remis. L'opération est gratuite mais gare à vous, si vous passez outre… Cela peut vous amener de gros ennuis et une amende bien salée !
Un dernier bon tuyau aussi…
C'est d'avoir un tampon personnel à l'effigie de votre bateau. Cela plaît toujours dans les bureaux administratifs d'avoir des documents paraphés d'un joli tampon. C'est de la foutaise, mais c'était notre cas et ce tampon nous a sauvé la vie plus d'une fois (même en Indes où ils sont friands de coups de tampons, en tout genre).
Ah l'héraldique, toute une science…et cela ne date pas d'hier… !
Le monde est ainsi fait et je crois sincèrement qu'il n'est pas prêt de changer.
* Navire : En matière de droit international, un navire ou un avion en escale dans un pays étranger (…à sa nationalité d'immatriculation) est considéré exactement comme une ambassade ou un consulat. Le droit souverain du territoire d'accueil ne peut pas s'y appliquer, d'aucune manière. De plus nul ne peut pénétrer cet espace « étranger » sans l'accord de son commandant. Seuls, les cas de forces majeures peuvent être transgressés par les autorités locales (urgences médicales, accidents, faits graves portant atteinte à la souveraineté, etc...). Mais en matière de droit et de diplomatie, ce sera toujours le pot de Terre (nous) contre le pot de Fer (le pays qui nous reçoit). Parfois il ne faut pas hésiter à montrer (les dents) son bon droit pour ne pas se laisser soudoyer par des agents imbus de leur uniforme et peu scrupuleux. Dans d'autres pays, c'est la corruption qui s'en mêle et là, c'est à chacun d'user de finesse pour trouver au plus juste, la bonne manière de « passer » en douceur !
* Clearance : Le droit maritime international autorise un navire à mouiller dans des eaux territoriales non souveraines dans la mesure où celui-ci envoie le pavillon de demande de libre pratique (code Q) et que celui-ci n'ait aucun contact avec la terre (donc au mouillage). Aucune personne du bord ne peut débarquer et aucune personne de l'extérieur ne peut embarquer. Ceci en attendant la visite des autorités usuelles de clearance et au maximum sur une période de 72 heures. Passé ce délai, c'est au commandant de se rapprocher des autorités pour faire la demande de libre pratique. Certains pays peuvent appliquer la quarantaine si des évènements la rende justifiée (épidémie, émeutes, faits exceptionnels…). Cela a été notre cas en arrivant à Darwin le 11 septembre 2001 (attentat du WTC). Nous arrivions de Papouasie Nouvelle Guinée et sommes restés consignés 36 heures.
Ca c'est que dit la convention international de Chicago datant de 1933 avec un tas d'alinéas et de correctifs plus récents (1944, 1956…/…), mais celle-ci est toujours d'actualité.
Ce point est bon à connaître parfois pour faire valoir ses droits car curieusement chaque pays défend et veut faire toujours appliquer « sa » loi en premier. Eh bien non, la seule loi qui s'applique à un appareil étranger (avion, navire) est le droit international, celui du monde diplomatique.
Pour ceux qui veulent lire le document (il est en français car réalisé par un Suisse au départ (Siegfried Weiss) et publié pour la toute première fois à Paris en 1858…), - c'est en pdf : 6,2 Mo - on peut le télécharger sur la page ici…
http://archive.org/details/codedudroitmari00weisgoog
Il est tiré du livre (copie intégrale) publié à Paris en 1892 aux Editions Amyot (fait 376 pages en version pdf - Ne pas se découragez, au début il y a plusieurs pages laissées blanches donc poursuivre)...
(avoir un compte Google pour cela).
Il y a plusieurs volumes…à consulter ou à copier (gratuit).
Qu'on se le dise …et bon vent !
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191 Drapeaux et Pavillons de courtoisie…
Chaque navire* étant un tout petit morceau du territoire national auquel il est rattaché, on se doit donc d'arborer de jour, haut et clair, son pavillon national. Ca c'est un premier point crucial dans notre domaine maritime, il faut donc envoyer son pavillon national à la poupe de son navire.
Mais lorsque l'on arrive dans un autre pays, eh bien (par mesure de réciprocité de la fierté nationale, fort probablement au fond...), il faut également envoyer dans la mâture le pavillon du pays qui vous reçoit. C'est le pavillon de courtoisie.
Celui-ci s'envoie à droite dans la mâture principale (ou au sémaphore). A gauche, vous pourrez avoir un drapeau régional, une flamme « des frères de la côte », un emblème de la compagnie, un guidon de club ou même une devise personnelle...
Arrivés en terres étrangères, là, on tutoie aussitôt un nouveau monde : celui de la haute diplomatie.
Car si vous oubliez ce détail, beaucoup de pays, par la pyramide de leurs représentants « dûment uniformisés et mandatés », sauront vous faire remarquer que leur pavillon est absent sur votre navire. On trouve aussi plus raffiné... Par exemple, lorsque vous arborez en l'honneur du pays, un drapeau pas tout à fait conforme ou bien encore un peu abîmé…Et que par conséquent, il faudra le changer pour en mettre un autre, conforme, un propre ou un neuf ! La délicatesse dans ce domaine n'a pas de limite. On vous en propose un parfois, illico, et en général à un prix prohibitif, évidemment.
J'ai vu cela plusieurs fois.
Si bien qu'avec les années, le budget pavillon n'arrêtant pas d'augmenter (j'en ai plus d'une centaine à bord !), je me suis mis à les fabriquer moi-même. Il suffit pour cela d'avoir des morceaux de tissus de toutes les couleurs et une machine à coudre. Ensuite pour les dessins, si le pavillon possède un emblème ou des armoiries dessinées dessus, de la peinture acrylique en petits pots et du doigté suffiront.
Certains drapeaux sont simples à fabriquer (France, Belgique, Pays bas, par exemple) d'autres un peu plus travaillés car constitués de nombreuses bandes, plus ou moins étroites et/ou biscornues (Dominique, USA, Union Jack…). Les plus sophistiqués sont ceux possédant un dessin incrusté dedans comme des armoiries (Monténégro, Grenade, Fidji…) ou aussi une devise (cas du Brésil). Là certains états font très fort en cumulant même toutes ces difficultés. Ils vous donneront bien du travail pour les fabriquer. Mais encore une fois, ce travail sera toujours récompensé car dans certains pays, ce sont les autorités elles-mêmes qui viennent vous vendre leur pavillon et parfois à un prix, à la limite du racket (vu près de 100 $ US pour un petit pavillon).
Ne négligez pas ce point du pavillon de courtoisie car dans certains pays, cela pourrait vous amener bien des ennuis. Cela a été notre cas au Brésil avec un pavillon, conforme certes mais qui était envoyé depuis plus de 6 mois déjà dans la mâture. Donc il commençait a gueniller un peu, c'est vrai (pas beaucoup mais cela a suffit à un agent portuaire pour nous infliger un procès et une amende). Voir ici, le récit de cette aventure rocambolesque…
Astuce…
Si vous n'avez pas encore eu le temps de fabriquer le pavillon de courtoisie du pays d'accueil, laissez en place votre pavillon Q (demande de libre pratique) cela, même si vous avez déjà fini vos formalités d'entrée. Ainsi en cas de contrôle inopiné d'une autorité, le fait d'avoir le code Q encore en place vous marquera de fait comme « en cours de clearance* » et vous protègera sans doute d'investigations plus poussées.
NB : Se méfier des anciennes colonies anglaises car certaines d'entre elles, ont leur propre drapeau tout en affichant aussi l'Union Jack (sont toujours sous protectorat donc se renseigner).
Sur ces formalités d'entrée, on voit vraiment de tout et il y aurait de quoi faire une thèse à Sciences-Po… Dans certains pays, il faut 10 minutes montre en mains pour faire les quatre bureaux à la suite (Douanes, Immigration, Santé, Capitainerie), le tout gratuitement et avec le sourire des préposés à cette fonction (cas en Uruguay, Malaysie…). Dans d'autres pays il faut une semaine pour faire la même chose en payant cher et en plus d'être enquiquinés jusqu'au cou. Parfois, il faut même y revenir 4 ou 5 fois de suite, car il manque toujours quelque chose (papiers, tampons, ou copies d'actes…) et les lieux sont disséminés dans la ville, donc trajet, coût, temps (cas du Brésil, Venezuela…). Dans certains pays tatillons, ils viennen t systématiquement à bord et passe tout au peigne fin (Cas de l'Australie – ils passent même toutes vos conduites au détergent et plonge sous votre coque voir si, vous n'ameneriez pas des « bestioles zétrangères » en douce !). Ce pays tient le haut du pavé concernant la paranoïa…! Et si vous avez un animal à bord, aille aille aille, véto, vaccins, quarantaine, visite obligatoire chaque semaine : prohibitive, la visite au pays des kangourous !
Certains pays ont des lois bizarres et strictement appliquées. Cas des USA, par exemple… Quand on arrive dans ce pays pour le premier toucher, il est rigoureusement interdit de jeter sa « poubelle dans une poubelle » ! Celle-ci doit être obligatoirement incinérée avec procès écrit à l'appuis. Un papier administratif le certifiant, vous est remis. L'opération est gratuite mais gare à vous, si vous passez outre… Cela peut vous amener de gros ennuis et une amende bien salée !
Un dernier bon tuyau aussi…
C'est d'avoir un tampon personnel à l'effigie de votre bateau. Cela plaît toujours dans les bureaux administratifs d'avoir des documents paraphés d'un joli tampon. C'est de la foutaise, mais c'était notre cas et ce tampon nous a sauvé la vie plus d'une fois (même en Indes où ils sont friands de coups de tampons, en tout genre).
Ah l'héraldique, toute une science…et cela ne date pas d'hier… !
Le monde est ainsi fait et je crois sincèrement qu'il n'est pas prêt de changer.
* Navire : En matière de droit international, un navire ou un avion en escale dans un pays étranger (…à sa nationalité d'immatriculation) est considéré exactement comme une ambassade ou un consulat. Le droit souverain du territoire d'accueil ne peut pas s'y appliquer, d'aucune manière. De plus nul ne peut pénétrer cet espace « étranger » sans l'accord de son commandant. Seuls, les cas de forces majeures peuvent être transgressés par les autorités locales (urgences médicales, accidents, faits graves portant atteinte à la souveraineté, etc...). Mais en matière de droit et de diplomatie, ce sera toujours le pot de Terre (nous) contre le pot de Fer (le pays qui nous reçoit). Parfois il ne faut pas hésiter à montrer (les dents) son bon droit pour ne pas se laisser soudoyer par des agents imbus de leur uniforme et peu scrupuleux. Dans d'autres pays, c'est la corruption qui s'en mêle et là, c'est à chacun d'user de finesse pour trouver au plus juste, la bonne manière de « passer » en douceur !
* Clearance : Le droit maritime international autorise un navire à mouiller dans des eaux territoriales non souveraines dans la mesure où celui-ci envoie le pavillon de demande de libre pratique (code Q) et que celui-ci n'ait aucun contact avec la terre (donc au mouillage). Aucune personne du bord ne peut débarquer et aucune personne de l'extérieur ne peut embarquer. Ceci en attendant la visite des autorités usuelles de clearance et au maximum sur une période de 72 heures. Passé ce délai, c'est au commandant de se rapprocher des autorités pour faire la demande de libre pratique. Certains pays peuvent appliquer la quarantaine si des évènements la rende justifiée (épidémie, émeutes, faits exceptionnels…). Cela a été notre cas en arrivant à Darwin le 11 septembre 2001 (attentat du WTC). Nous arrivions de Papouasie Nouvelle Guinée et sommes restés consignés 36 heures.
Ca c'est que dit la convention international de Chicago datant de 1933 avec un tas d'alinéas et de correctifs plus récents (1944, 1956…/…), mais celle-ci est toujours d'actualité.
Ce point est bon à connaître parfois pour faire valoir ses droits car curieusement chaque pays défend et veut faire toujours appliquer « sa » loi en premier. Eh bien non, la seule loi qui s'applique à un appareil étranger (avion, navire) est le droit international, celui du monde diplomatique.
Pour ceux qui veulent lire le document (il est en français car réalisé par un Suisse au départ (Siegfried Weiss) et publié pour la toute première fois à Paris en 1858…), - c'est en pdf : 6,2 Mo - on peut le télécharger sur la page ici…
http://archive.org/details/codedudroitmari00weisgoog
Il est tiré du livre (copie intégrale) publié à Paris en 1892 aux Editions Amyot (fait 376 pages en version pdf - Ne pas se découragez, au début il y a plusieurs pages laissées blanches donc poursuivre)...
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