056 Montage ou démontage des mâts...
056 Montage et/ou démontage des mâts...
Normalement un mât ne se descend pas si souvent ! On peut donc ne pas penser d'avance à un système facilitant ce travail, sans grue.
Il existe la bonne vieille tactique des marins d'antan qui consiste à mettre son bateau entre deux autres voiliers et de descendre le mât en se servant des mâts voisins (dans le plus mauvais cas, un seul) comme support de grue. Opération toujours délicate dans un mouillage... ça peut bouger...!
Mais si vous êtes seul dans un coin paumé et que vous avez quand même besoin de démâter ?
Eh bien on tombe dans le cas précis de Kerguelen et c'est ainsi que j'ai réalisé cet appareillage en prévision d'un futur démâtage "autonome".
En pratique, cela ne m'a servi qu'une seule fois pour l'Artimon, mais nos "tangons jumeaux", notre chèvre, et cette technique ont servi pour d'autres bateaux...
Premier point :
A bord de Kerguelen, les deux mâts sont montés sur des étambrais donc "articulés et démontables". Le pied du mât est renforcé (3 épaisseurs lamellées du profil) et il est traversé par un axe en inox (rond de 14 mm).
Pour faire le matage, il suffit de prendre les 2 tangons de Spi et de les frapper sur les ferrures du pont prévues pour cela (voir la photo ci-dessous). Ensuite, on se sert du guindeau comme treuil pour les monter. Commencer par mettre le grand mât.
L'artimon se monte ensuite à l'aide d'une drisse du grand mât. Ceci peut se faire seul et en toute sécurité grâce à ce système.
Pour le démontage on fait l'inverse. On descend l'artimon en premier à l'aide de la drisse de grand-voile. Puis on installe les deux tangons en chèvre et on utilise le guindeau en frein pour descendre le grand mât vers l'arrière.
Inutile de dire qu'il faut faire cette opération dans un endroit vraiment tranquille (sans vague...) ou bien à terre pour une totale sécurité.
La photo parle d'elle-même pour ces opérations de matage ou démâtage en autonome...:
Au final, il suffit de peu de matériel : deux tangons identiques et une fixation de pied de mât. Cela pourrait se faire sur un pied de mât "ordinaire" mais dans ce cas il faudrait absolument bien immobiliser le pied pour que celui-ci ne glisse pas au cours de la descente du profil. Faisable sur de petits profils uniquement, par sécurité.
De plus, pour éviter un flambage du profil et une répartition de la charge, il est nécessaire d'amarrer le profil par deux points distincts dont un au moins, "fixe" (emplanture de barres de flèches, par exemple).
Prévoir ce genre de chose permet une économie de grutage mais surtout pouvoir se dépanner, seul en étant isolé !
Deuxième point…
Toujours à propos des mâts et de leur tenue…
Sur l'avant, dès la construction du bateau, j'ai mis en place deux étais, parallèles, sur l'étrave. Pourquoi vous allez me dire, personne ne fait cela ?
Et bien pour deux raisons majeures…
- La première c'est que aux allures portantes vous aurez deux étais distincts donc possibilité d'endrailler deux voiles et ceci séparément sans que l'une ne gène l'autre lors des manoeuvres d'envoi ou d'affalement. C'est vraiment très pratique et sécurisant.
- La seconde, la plus importante à mes yeux, c'est la sécurité absolue de tenue du gréement dans la perspective d'une casse d'étai ou de ridoir sur l'avant. Si vous n'avez qu'un étai, il est presque certain que sa rupture entraînera la chute du grand mât et sa perte. Hors le gréement d'un voilier avec sa voilure est essentiel et vital à bord ! Avec deux étais parallèles, cette redondance de points d'attache vous assure une sécurité quasi-totale. D'ailleurs, nous en sommes vraiment témoin pour avoir cassé un ridoir dans du mauvais temps durant notre retour de Porto Rico et malgré la violence du choc, rien n'a lâché dans la mâture… (Voir chapitre 113 du Tome I…ici…).
Double étai installé sur Kerguelen...:
A noter, les deux étais sont reliés entre eux par une tige filetée de 8mm (prise entre les 2 chapes des ridoirs - visible ici sous le tambour d'enrouleur - gainée de noir). Elle a pour rôle de retenir l'étai en cas de casse de l'un des deux ridoirs. Cela nous est arrivé et lors de cet incident, le câble s'est transformé en fouet extrêmement dangereux.
D'où cette mesure de sécurité supplémentaire.
Pour finir nous avons encore en plus un étai de trinquette, fixe. Celui-ci reprend les efforts au deux tiers de la hauteur du mât. C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que j'ai opté pour un gréement à deux hauteurs de barres de flèches au grand mât. Ceci permet de bien répartir les efforts de charge tout le long du mât. Il ne faut pas oublier que l'on arrive à des poussées considérables sur le gréement, (18 t dans notre cas par fort vent de travers – calcul fait pour 30 Kts). Plus il y a de points d'attaches, plus la charge sera répartie ; le bateau sera donc mieux capable d'encaisser les surventes !
Qu'on se le dise et ...bon vent !
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