082 Réviser son canot de survie soi même...
082 Réviser son canot de survie soi-même…
Parfois on est coincé quelque part et si on voulait faire réviser sa survie, impossible !
Alors quoi faire ?
Eh bien la réviser soi-même !
Chose que j'ai faite à plusieurs reprises pour moi comme pour des copains de rencontre avant une transat.
Et on n'a pas à se sentir fautif de cette bonne action, sérieux et sécurité oblige.
Maintenant, il y a des choses à savoir avant de se lancer dans une telle opération car la procédure est précise et délicate.
Une anecdote avant de commencer…qui m'est arrivée personnellement !
Ne croyez pas que c'est parce qu'elle est neuve votre survie, que votre radeau est en parfait état. Lorsque j'ai vérifié pour la première fois ma seconde survie qui avait 5 ans, c'était à Rio, pour partir vers le Horn, eh bien à l'ouverture du sac étanche... :
- 1) il n'était pas soudé étanche (il y avait un gros plis non soudé et un peu d'eau était entré dedans !) et...,
- 2) les valves de surpression des boudins n'avaient pas été remontées, les 4 étaient en vrac dans le fond (sans commentaire !).
Donc si j'avais percuté mon canot, il se serait dégonflé aussi sec ! Depuis je ne fais plus jamais confiance à un atelier même agréé et tout ce que vous voulez ! Je tairais le nom de cet atelier agréé aux Antilles qui avait vérifié mon canot, il y a prescription maintenant. Mais n'empêche que désormais, je veux être présent, assister au remontage et à la fermeture du canot.
Alors bien sûr que l'on peut faire par soi même, c'est MA vie qui est en jeu, pas la leur !!!!!!
Il suffit d'avoir vu faire une fois, pas besoin de sortir de Polytechnique.
Mais il faut procéder avec soin et méthode...
1) Ouvrir (ciseaux) avec précaution la poche étanche (vérifier aussi son N°, le noter) et il faudra posséder un soude-sacs pour la refermer. L'ouvrir du côté où il n'y a "rien"...: ni la tête de la bouteille ni le système de traversée de la sangle !
2) Il ne faut surtout pas percuter la bouteille pour le tester. Il faudra gonfler le canot avec un gaz neutre genre azote, argon ou atal, mais pas de l'air ordinaire (si vous le pouvez) à cause de l'humidité que vous allez introduire dedans (si climat très sec, pas de pb). On peut trouver ces gaz dans les ateliers de soudure ou les ateliers aviation.
3) Une fois gonflé (surtout ne pas se mettre au soleil, risque d'éclatement), s'assurer que le canot tient bien la pression durant 24 h sans perte significative.
4) Procéder aux changements nécessaires (piles - feux, fusées, réserves d'eau).
5) Vérifier la tête et la bouteille (si corrosion), noter son N° et faire le pesage.
6) Talquer les boudins avant de replier le canot. Bien vérifier que les valves de surpression soient bien remises en place et vissées (on les dévisse ou on les enlève pour dégonfler le canot = danger d'oubli ! ).
7) Vérifier la liste du matériel devant être à bord et ne pas oublier de remplir le livret intérieur.
8) Replier soigneusement le tout avant de remettre dans la poche et la souder en y faisant le vide*. Certaines poches ont une "tétine" genre bouée de plage, donc facile à faire.
9) Mettre dans le container en prenant soin à la sangle de percussion (la lover avec de petites élastiques pour qu'elle ne coince pas à la fermeture du container (si celle-ci n'est pas cousue dans un sachet avec un fil à casser).
10) Remettre les deux bandes de maintien coquilles. Puis scotcher le container* avec de la bande étanche (réfléchissante si possible).
11) Enfin remplir le livret extérieur et remettre le survie à poste.
En général, il n'est pas du tout aisé de refermer le canot et de le remettre dans son container. Il faut faire cette opération à deux au minimum. On ne trouve pas le bon pliage du premier coup.
Sur ces conseils, bonne chance !
Sur la photo : vérification de mon canot à Rio et je suis parti confiant vers le Horn où l'on est resté 18 mois...
Si vous pouvez passer par un atelier, pour la vérification du canot, n'hésitez pas à le faire ce sont en principe des gens sérieux... Mais pour ma part je veux être présent, pour voir ça. Je ne confierai plus jamais ma vie aveuglément à un tiers.
En général ils acceptent que vous soyez présent. Je l'ai fait à la toute première visite de mon premier canot (St Nazaire), il y a bien longtemps. Cela permet de voir et d'apprendre à le faire aussi !
Rien n'est impossible à un marin hauturier !
* vide : un moyen facile de se faire une pompe à vide est de prendre une pompe à vélo, la démonter et inverser la membrane d'étanchéité. Celle-ci a une lèvre repliée vers le bas de la pompe. Eh bien vous enlevez son écrou de fixation et vous la remettez à l'envers, tournée vers le haut du corps de pompe. Là, à ce moment vous aurez une "pompe à dégonfler" et non plus à gonfler. (ne pas oublier de refaire l'opération inverse avant de la passer à votre voisin pour son VTT, sinon, bonjour le gag !).
* container : Si vous n'avez pas pu récupérer la bande de maintien des deux coquilles, en mettre une autre mais "pas trop solide" car elle doit casser facilement au déclenchement du survie !
* radeau de survie : En remettant la survie à bord du bateau, ne pas oublier d'amarrer la sangle de déclenchement d'ouverture à une prise solide. Ne vous inquiétez pas si vous en sortez 50 cm ou plus, pour ce faire, celle-ci fait au moins 6 à 8 m (souvent 10 à 14 m pour les gros canots) suivant les marques et les modèles.
MAJ du 19 Août 2010...
Reçu cette semaine un mail d'un internaute marin qui a testé aussi son Survie...pour voir, en fin de vie... Je cite :
" Bonjour, Il m'est arrivé la même surprise. Les valves de la survie que je viens de percuter à titre d'exercice n'étaient pas remontées...
J'essaye d'alerter les médias. Souhaitez vous participer ?
Cordialement TBM"
Alors quand je dis qu'il faut vraiment être vigilant avec les valves de surpression et donc aussi avec les ateliers de contrôle...!
Je ne suis donc pas le seul quidam à qui est arrivé pareille aventure !
MAJ du 13 12 2011
Depuis que j'ai écrit cet article je reçois des tas de courriers à ce sujet. Cette semaine encore un troisième plaisancier qui a percuté un canot (périmé officiellement) car il voulait voir ce que cela faisait en VRAI. Eh bien lui aussi, son canot s'est dégonflé aussitôt car les valves de sécurité n'étaient pas remontées.
Qu'on se le dise …et bon vent !
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