293 Moteur marin qui se noie à l'arrêt…
293 Moteur marin qui se noie à l'arrêt…
Dans mon entourage, cela fait plusieurs fois que des amis navigateurs me soumettent le même problème sur leurs bateaux... A savoir leur moteur se retrouve noyé par de l'eau après quelque temps alors qu'il est à l'arrêt ! Je dois dire que cela ne m'est jamais arrivé sur les miens. Curieux, je me suis donc penché sur cet ennui pour savoir pourquoi et comment cela pouvait se produire sur certains moteurs.
Et à force de cogitations, j'ai fini par découvrir l'origine de ces ennuis...
Les moteurs dans nos voiliers se retrouvent souvent positionnés dans la coque en dessous de la flottaison. Si je regarde le circuit d'eau de refroidissement, l'eau part de la vanne au fond de la coque, puis arrive à la pompe de circulation et part dans le moteur via différents circuits. La sortie de la pompe à eau pouvant se faire à une hauteur variable au dessus de la flottaison, parfois aussi en dessous. A la fin du circuit, elle est injectée dans la pipe d'échappement pour servir en dernier au refroidissement de celui-ci avant de partir par la tubulure d'échappement vers le pot décanteur / barbotage. En fin de course, le mélange eau/vapeurs d'échappement sort à l'air libre via un col de cygne. Ce col de cygne fait office de siphon pour empêcher l'eau extérieur de refouler dans le circuit d'échappement. Bien.
Certains navigateurs, dont je fais partie, ferment la vanne d'arrivée d'eau de mer à chaque utilisation et d'autres jamais ! Bon, chacun a ses raisons mais pour moi, une vanne qui n'est jamais manoeuvrée finira par gripper et çà ce n'est jamais bon sur un bateau. Donc déjà, cette habitude est une porte ouverte sur de futurs ennuis... Mais là n'est pas le problème. Alors où est-il donc...?
Eh bien, c'est une histoire de flottaison... Si vous n'avez pas plus de 12-15 cm en haut du tuyau de refoulement de la pompe à eau, au dessus de la ligne de flottaison (comme représenté sur le schéma ici), il faudra impérativement rehausser ce tuyau par une partie en "col de cygne". Car cette faible "garde" est la cause de ces ennuis de noyage moteur ! Pour ce faire, facile, vous coupez la partie horizontale et vous rallongez avec 2 bouts de tuyaux de cuivre du bon diamètre avec Serflex et le tour est joué. Veillez cependant à attacher cet appendice supplémentaire par le haut (avec une patte le cas échéant...) , car avec les vibrations du moteur, celui-ci aura tendance à balancer, fatiguer rapidement et à se couper (le poids de l'eau supplémentaire dans cette "rallonge", aidant au balourd).
Pour en revenir au circuit d'eau, si on laisse la vanne d'entrée ouverte, eh bien un changement de hauteur d'eau à l'extérieur du bateau va pouvoir faire monter le niveau d'eau au niveau moteur et aller jusqu'à initier une aspiration permanente au point d'amorcer le circuit via la pompe de circulation. Et ce phénomène n'est pas du tout facile à voir comme cela ! Certains m'ont dit parfois également, "cela n'arrive qu'à la gîte sur tribord (par exemple) mais pas sur l'autre bord"... Alors pourquoi cette différence...?
Schéma de ce genre de montage traditionnel...
Eh bien j'en reviens à la position du tuyau en sortie de pompe de circulation et plus précisément à sa hauteur au dessus de la flottaison, car tout est là, dans ce positionnement ! Si le haut du refoulement de la pompe, avant d'entrer au moteur, se trouve à la limite de la flottaison ou très peu au dessus, eh bien il ne faudra pas grand chose comme variation d'assiette du bateau pour que ce circuit d'eau s'amorce tout seul et vienne remplir le moteur par tous les circuits de refroidissement, disponibles...! Ceci se fera d'autant plus facilement qu'un voilier peut gîter, même beaucoup parfois, et là, on peut tomber rapidement dans le dernier cas cité... L'ennui pourra se produire sur un bord et pas forcément sur l'autre. Pourquoi..., parce que la tuyauterie de la pompe de circulation n'est pas obligatoirement située dans la coque pile poil sur l'axe longitudinal de symétrie du bateau. La gîte faisant monter ou descendre cette position du refoulement de façon différente à cause de cette "position décalée", d'un côté ou de l'autre de la ligne de foi du bateau. A la gîte ce circuit (avec la pompe, proche) peut donc se retrouver à une hauteur (par rapport à la flottaison) très différente suivant que l'on gîte à tribord ou à bâbord (idem pour le tangage...). Ceci en navigation comme au port car par simple grand vent, un voilier peut se mettre aisément à gîter par le seul fait du fardage déjà. Ces pannes de "siphonnage automatique et parasite" sont sournoises, difficiles à décelées mais viennent de là.
Alors comment y remédier...?
Tout simplement en ajoutant un anti-siphon (simple rallonge haute) sur le tuyau de refoulement à la sortie pompe de circulation d'eau au moteur. Si vous avez moins de 12-15 cm environs (au dessus de la flottaison), je vous conseille fortement d'ajouter un petit tuyau, plus haut, en col de cygne sur ce refoulement en vérifiant que cette fois vous aurez une bonne réserve de hauteur (18-20 cm sera bien) au dessus de la flottaison pour ne pas initier du siphonnage automatique. Pensez à regarder en imaginant être gîté à tribord comme à bâbord car encore une fois, la situation pourra être complètement différente d'un côté sur l'autre. Cela suivant la nature même de la carène du bateau, de la position du moteur (et/ou de ses accessoires) par rapport à la ligne de foi du bateau.
Et les problèmes de moteur noyé, surtout moteur à l'arrêt, seront résolus.
Qu’on se le dise …et bon vent !
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