Le Trésor Des Kerguelen

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386 L'art de construire un "bon" carbet de survie..

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386 L'art de construire un "bon" carbet de survie..

 

 

     Je suis toujours étonné de voir les candidats du célèbre jeu/aventure de Koh Lanta, qui ne savent jamais s'y prendre pour réaliser un abris de façon simple, solide et surtout étanche (s'appelle un carbet en Amazonie). Pour moi cette lacune est totalement incompréhensible surtout lorsque l'on veut partir à l'aventure (mais celle-là, "encadrée"), comme c'est le cas dans ce jeu. Comme je ne regarde que rarement la TV, par contre je visionne volontiers les parodies de ce "jeu", très drôles sur le Net : là, rires garantis ! Bon, un peu de sérieux...

 

La solution est pourtant toute simple et il suffit de regarder comment procède les peuples indigènes des pays tropicaux car eux, absolument tous, procèdent de la même manière. Et leur méthode à fait ses preuves depuis fort longtemps pour être réalisée avec les matériaux naturels, disponibles autour d'eux, en forêt ou en bords de mer. A savoir : des palmes de cocotiers (ou autres palmiers - il y en a plus de 2500 espèces sur la planète), ou encore des roseaux, des fougères ou autres plantes cette fois, à larges feuilles.

 

     Alors comment procéder pour construire cette "cabane", ce carbet de survie simplement, rapidement et surtout qu'elle soit vraiment étanche à la pluie...? Car en survie, si tel serait le cas, la première chose qu'il vous faudrait absolument obtenir, et ce quel que soit le climat dans lequel vous êtes, ce sera de vous protéger des éléments météos. En tout premier de la pluie et du vent fort. Concernant l'emplacement de celui-ci, se rappeler que, en cas de déluge, de fortes pluies, l'eau pourra envahir le lieu donc choisir un point plus haut que son environnement immédiat. On ne se met jamais non plus en bordure immédiate d'une rivière, d'un torrent ou de la mer car en cas d'orage, le niveau de l'eau peut monter très haut et brutalement. Ces éléments sont donc vraiment à prendre en considération avant même de commencer à construire quelque chose !

 

 

Procédure pour réaliser un tel carbet en milieu tropical...

 

1) On coupe tous les matériaux dont on aura besoin.

2) On recherche un emplacement idoine pour l'installation.

3) On ventile les différentes tâches si "groupe" (fonction des capacités & connaissances de chacun !), cela fait toujours gagner beaucoup de temps et d'énergie.

4) Une fois tous les matériaux regroupés sur place, on commence sa réalisation en pensant de suite au vent et à la pluie. D'où viendra le coup de vent et les rideaux de pluies d'un orage...? L'écoulement de l'eau sur le sol passera comment, par où...?

 

 

Réalisation pratique en images...

 

1) On construit un portique avec des bois suffisamment gros et rigides le plus possible (très pratique si poteaux en Y d'un bout) car ce sont eux qui supporteront la barre haute principale et tout le poids de l'ensemble. Se rappeler que le carbet "bien mouillé", doublera son poids à vide au minimum, sans parler de la force d'appui du vent ! (fig 1). Sous un orage tropical intense, à son arrivée, le vent du front va monter très vite en puissance et peut atteindre 50 Nds (92 km/h) sous les premières rafales. Cela ne dure jamais sous un "cunimb" mais engendra là sur l'instant (pour cet exemple), une force de poussée de 90 kg au m² ! Imaginez ce que çà peut donner sur un panneau de 20 m² offert en plein vent...: près de 2T de poussée globale !!!!!

 

2) On dispose les longs supports partant de la barre haute principale et allant au sol. Il faut que la pente utilisée pour ce faire soit égale (ou supérieure) à 40, 45°. Plus la pente sera grande et meilleure en sera l'étanchéité du toit. (fig 1). On peut prévoir aussi de faire la même chose sur les extrémités (au moins sur l'une d'elles en fonction du vent dominant/ secteur d'arrivée de la pluie...). Une barre en travers dans le bas maintiendra l'ensemble des montants en écartement.

 

CIMG0192R1.jpg

 

3) Fendre les palmes en commençant par le pied (fig 2)...

 

     Les palmes ne doivent pas être utilisées entières mais par moitiés, fendues en partant du pied.

Une fois amorcé par un coup de hache (ou de machette) bien centré sur la nervure, une palme verte se fend très facilement ensuite jusqu'à sa pointe, juste en écartant fortement les deux brins, et cela sans casser. On obtient donc des demies palmes "en peigne". Pour info, une palme sèche, morte, ne se fendra pas ou très mal et cassera au final. Une palme de cocotier, classiquement va mesurer entre 2,5m et 4m. Il en faudra le plus possible pour le toit et le restant sera utilisé en matelas isolant du sol, en dessous. Plus les demies palmes seront nombreuses et montées serrées (en horizontales sur la pente) et plus le toit sera isolant et donc étanche à la pluie. Surtout pensez à donner une bonne pente à ce toit. En fonction du nombre de personnes à mettre sous cet abris, vous mettez deux, trois, voire quatre poteaux d'appuis, à adapter en fonction de la longueur totale de l'abris à obtenir. Cela est à adapter aussi, un situ, en fonction de la longueur des palmes disponibles. Voir croquis N°3.

 

 CIMG0193R1.jpg

 

Petites astuces de montage des palmes... Lors de la coupure/ déchirure des palmes, les feuilles sur les peignes vont avoir un sens d'orientation préférentiel car elles sont naturellement dirigées vers l'extrémité de la palme. Il sera donc important de disposer les peignes en alternance et tête-bêche. C-à-d inverser les 2 parties de la même palme à suivre. Ainsi les feuilles vont se croiser en s'entassant à suivre au dépôt et améliorer encore l'étanchéité du toit.

Dernier petit détail anodin mais bien utile aussi... Les feuilles d'une palme sont en fait légèrement pliées et forment donc, à leur nervure centrale, un petit "V" plus ou moins "plat-refermé". Eh bien, là encore il faut utiliser ce détail si possible pour disposer les palmes avec le V des feuilles ouvert vers l'extérieur ! Cela constituera de bonnes rigoles pour l'écoulement de l'eau de ruissellement jusqu'en bout de feuille... Tous ces petits détails, paraissant insignifiants, participeront en réalité à la bonne étanchéité du toit.

 

 CIMG0194R1.jpg

 

Voir Schéma ci-dessous...

 

1 & 2 sont les deux peignes issus de la première palme, donc montés tête-bêche avec feuilles en bas. Puis 3 & 4 sont les suivantes de la seconde palme, etc...etc... On obtient donc une sorte de treillis superposé et plus il sera dense et épais, meilleure en sera l'étanchéité du matelas.

 

 CIMG0195R1.jpg

 

4) Montage des palmes en commençant par le bas (fig 3 & 4)...

 

     Avant de débuter, il est bien vu aussi de faire un tas de sable et/ou de cailloux sur la ligne basse en protection d'appuis des premières rangées de "palmes peignes". Ensuite on pose les peignes à partir du bas en les mettant côte à côte le plus proche possible en fonction du nombre disponible. Les feuilles vont alors tomber vers le bas et s'entasser pour constituer le matelas isolant. Plus elles seront denses, plus le matelas de feuilles sera épais et donc étanche. Pour attacher les peignes de palmes sur les montant, prendre des lianes trouvées sur place. En milieu tropical, bon nombre de plantes grimpantes seront utilisables pour cela.

Une fois le toit fini, on peut encore ajouter du sable (ou cailloux) en appuis sur le bas du toit afin d'éviter que le vent ne s'engouffre par dessous. Cette manière de construire un carbet est remarquable de simplicité mais surtout de solidité et d'étanchéité ! Nous avons eu l'occasion d'en construire plusieurs de ces carbets improvisés (îles des Antilles, Amazonie, Tahiti, Calédonie, Vanuatu, Indonésie, Papouasie-Nouvelle Guinée...). Il ne restait plus qu'à pendre nos hamacs dessous et la nuit était géniale pour tous les 4, sous nos moustiquaires (aussi indispensables que nos hamacs...)!

 

Bien serrées et croisées ainsi, les palmes constituent vraiment une bonne étanchéité à la pluie et une bonne isolation au vent comme au soleil. On pourra aussi surélever le toit du sol, cela permettrait également de conserver une bonne ventilation de l'ensemble (important en climat équatorial très chaud et très humide). Pour camper dans ces carbets, une seule règle : toujours avoir avec soi son hamac dans son sac à dos (avec machette et moustiquaire)! De même sur les tapouilles au Brésil, ou n'importe quel fleuve d'Amazonie, si vous voyagez en bateau, pas de bannettes ni couchettes à bord. Chacun suspend son hamac sur place la nuit venue et, dodo assuré tranquille pendant que "navigue la galère"...

C'est çà l'Aventure en grande forêt et surtout ne craignez pas les jaguars, les serpents à sonnettes ou autres mygales, ce sont les fourmis et les moustiques qui vous attaqueront les premiers ! Foi d'un connaisseur des véritables "grandes forêts primaires" de la planète.

 

 

MàJ du 26 08 2021...

J'ai regardé en partie le nouveau Koh-Lanta "La légende" qui vient tout juste de commencer en cette fin août...et surprise... Le groupe des Mecs, comme celui des Nanas savent ENFIN construire une "bonne cabane" en forêt tropicale...!

Bon, il aura fallu 20 ans pour que ces candidats apprennent à construire çà !!!!!

...et pour le feu, heureusement que SAM est là...

Euréka... Quelle perspicacité...!

 

Qu’on se le dise …et bonne préparation à une...survie !

 

 

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04/05/2021
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