Le Trésor Des Kerguelen

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Chapitre 239 - Les Bonbons D'Elba

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Chapitre 239


LES BONBONS D'ELBA

 

 

     Nous voici donc déroutés par Eole, nous montrant à nouveau que c'est bien lui qui fait "la pluie et beau le temps" sur les mers.


    La baie de Naples est un endroit plutôt encombré côté navigation. Même la Navy américaine y possède une importante base aéronavale. Nous passons à son ouvert. Curieusement le vent fort a diminué au fur et à mesure que l'on s'approchait des côtes. Dans le fond de la baie, sur l'horizon brumeux, le Vésuve.  Encore un volcan actif de la grande Ceinture de feu. Il domine la baie de Naples et l'Italie méridionale, la Campanie, de ses deux sommets. De tous temps, ce monstre a fait parler de lui. Mais c'est en août 79 (après JC) qu'il explosa brutalement. Son sommet se volatilisa en fumée et des nuées de cendres ardentes ensevelirent les trois villes installées à ses pieds. Tout le monde connaît le triste sort d'Herculanum, de Stabies et de Pompéi. Depuis cette époque lointaine, de nombreuses autres éruptions ont eu lieu. Pour certaines avec autant de dégâts ; villes anéanties, des milliers de morts et de blessés ! Mais ses pieds sont toujours et même plus que jamais, habités… Il suffit d'une seule génération, vivant là sans incident, pour oublier les dangers latents du dieu Vulcain…


     La météo est clémente sur la Campanie, alors profitons-en pour avancer. Nous décidons de faire l'impasse sur Naples, sur les vestiges de Pompéi. Ce site, cruellement historique est pourtant un haut lieu touristique. Pour nous, les "Kerguelen", cette visite sera pour une autre fois.


     Nous continuons.


     Septembre, le mois des premiers coups de vent de l'automne, avance vite. Autre inconvénient, les jours diminuent rapidement. Ces petits tracas n'incitent plus au tourisme estival. Nous passons près de l'île de Ischia. Profitant de cette météo, plus favorable le long des côtes napolitaines, nous décidons finalement d'aller le plus loin possible, dans la foulée, en suivant la bordure littorale.


     Dans toute cette partie de l'Italie centrale, peu d'abri cependant s'offre au marin. En remontant vers le Nord, le seul véritable mouillage suivant Naples est la presqu'île d'Argentario. Elle est plantée à 300 km, loin dans le Nord-ouest, près de l'île d'Elbe. Même devant Rome la capitale, située au milieu de la botte italienne, le seul abri existant est une entrée de rivière, Fumicino. Mais ses deux petits ports artificiels sont déjà bien encombrés par les plaisanciers de la capitale.


     A la sortie de cette ultime baie de Napoli, un petit archipel rocailleux, nous offre néanmoins une courte escale. Ce sera la toute dernière avant le "grand saut" de la côte du Latium. Ces îlots épars sont les Pontine. Nous faisons une halte sur l'île de Ponza. Cela nous permet de laisser passer l'épisode orageux attendu. Il sera assez bref mais violent. Il surprend aussi pas mal d'autres plaisanciers, retardataires de la zone napolitaine. Nous nous retrouvons à une trentaine de voiliers, ainsi que quelques pêcheurs, à l'abri sous le vent de Ponza. Le coup de vent n'a duré que quelques heures en soirée et une partie de la nuit. Dans la matinée la colère d'Eole s'atténue. Ces coups de torchon sont typiques de cette zone tyrrhénienne. Dès le lendemain nous pouvons poursuivre la route et levons l'ancre en fin d'après-midi. Le vent ne s'est pas encore rétablit mais il reviendra forcement. Après tout notre auxiliaire mécanique est là pour servir !


     Nous aimons beaucoup ces départs de fin de journée…


     Traînant sur le pont en farniente, nous contemplons le soleil couchant… Dans la soirée un incident, déjà vécu à l'identique, vient nous rappeler encore une fois les dangers de la navigation côtière… La nuit est à peine installée que le bateau donne tout à coup l'impression de se traîner. Regards alentour : rien ! Regards sous le bateau… Aïe ! …des filets dérivants… Pourtant aucun bateau n'est en vue, rien ni personne ne trouble cette platitude… Vous ne vous rappelez peut-être pas de l'épisode des Testigos (au Venezuela), nous si ! Eh bien, re-belote…! Il nous faudra plus de deux heures d'un travail harassant et dangereux pour s'en dépêtrer… On se relaie Cloclo et moi, pour plonger sous la coque et trancher la nappe du filet ; tout cela de nuit, à la lampe torche… On doit finir cette sale besogne en sciant à l'égoïne le méli-mélo de cordages fondus autour de l'arbre d'hélice, avant de pouvoir enfin repartir…


     Il n'y a pas une heure que nous avons remis en marche, nous sommes toujours au moteur car le vent ne revient pas, que l'on vient butter sur un autre filet ! Mais cette fois, nous l'avions reniflé à temps… On devinait sur l'eau devant nous, des petits remous à intervalles si réguliers que nous avions mis en panne. Nous sommes allés voir depuis l'étrave, vérifier nos doutes en éclairant sous la surface… Bingo, encore au autre filet "maillant" de 10 m de hauteur, juste sous la surface…C'est vrai que l'on n'est pas loin du littoral… C'est vrai que les fonds sont inférieurs à 30 mètres… La côte ne représente que des dangers, on l'a déjà dit et souligné à maintes reprises… Pestant contre ces braconniers, car ce type de filet est strictement interdit, on est allé chercher des fonds plus "aérés", plus limpides… Et l'inquiétude s'en est allée, elle aussi… Mais quelle galère de se voir empêtré dans ces dangereux engins de pêche de plusieurs kilomètres de longueur.


     Ah le large, quelle tranquillité !


     Hormis ce départ tumultueux, durant les trois jours suivants, la navigation est plaisante. Le vent est faible mais régulier. Nous longeons la côte "juste derrière l'horizon", à quelques 20 milles nautiques environ (soit 37 km). Cette distance est parfaite. Là, pas de croche pour la quille et nous y recevons toujours bien les chaînes TV… Quelques nouveaux épisodes pluvieux sont encore passés, mais sans conséquence notoire. Nous atteignons Gianutri, un îlot planté devant le Promontorio Argentario. Il est le premier d'une réserve marine, classée parc naturel et faisant partie de l'archipel toscan. Dans le même secteur, la fameuse île d'Elbe, Elba pour nos amis latins, en dépend également. Tout comme leur voisine Montecristo aussi, qui, par ailleurs, est totalement interdite d'accès. L'île entière est un vaste pénitencier de haute sécurité. Son aspect même est si farouche qu'elle en a inspiré les plus grands auteurs de romance populaire comme Alexandre Dumas ou bien Hergé. Vous vous rappelez certainement du comte de Monte-Cristo, des aventures de Tintin…


     Elle existe cette île, bel et bien…

 


     Depuis le détroit de Messine, la route effectuée n'est pas du tout celle dessinée au départ. Adieu Sardaigne… Adieu la Corse… Nous visitons les côtes continentales de l'Italie avec ses différents archipels. Peu importe au fond, plus que la route c'est la manière dont elle se passe qui compte finalement. Eh bien celle-ci se déroule au mieux. Nous atteignions Elba, l'île d'Elbe, un bastion mythique de l'histoire napoléonienne.


     En approchant, nous découvrons beaucoup de voiliers en navigation autour de l'île. C'est une surprise. La carte marine nous livre le pourquoi de cet engouement. En fait, elle sert d'arrière base à tous les navigateurs désirant sauter le pas vers la Corse depuis l'Italie, ou l'inverse. Elle sert de pont, de trait d'union, entre les deux patries. De plus, Elbe est située juste entre deux villes importantes de cette région touristique : Bastia en Corse et Piombino pour l'Italie, alors les clients potentiels, touristes comme plaisanciers, ne manquent pas !


     Cette île est célèbre par ses mines depuis fort longtemps... Cinq siècles avant JC on y remuait déjà la roche. Sur le continent italien, juste en face, étaient installés des hauts fourneaux. Cette activité faisait vivre la bourgade de Populino. Dès cette époque lointaine plus de 10 000 tonnes de minerai y était traité par an. Les Etrusques, les Grecs et les Celtes habitaient dans ces régions. Guerriers par nature, le besoin en fer de toutes ces "tribus" était énorme... L'île d'Elbe florissait, au rythme de son trésor minéral, des ateliers de ferronneries et de ses forges installées sur la côte... C'est dire l'ancienneté et l'importance de l'exploitation minière d'Elba. On y trouve toutes sortes de roches et de cristaux mais principalement du fer. D'ailleurs sa capitale fondée par les Médicis se nomme Portoferraio, c'est dire ! Elba fut dominée au cours de son histoire plus récente par toutes les puissances, déchirée entre les divers royaumes méditerranéens… Gène, Florence, Espagne, Naples, Grèce, Turquie, France… Elle fut connue des français surtout pour avoir servi de lieu d'exil à Napoléon. Il y fut "empereur" de son île. Ce titre honorifique mais peu glorieux lui fut donné par dérision, en même temps qu'une rente à vie. C'est la Seconde Restauration de notre Histoire de France. Elle fut fomentée par la bourgeoisie royaliste, mais aidée et financée en sous main par les anglais… Quand Napoléon Bonaparte s'en échappa, moins d'un an après son arrivée, l'île retourna à la Toscane. Il leur laissa néanmoins des souvenirs encore vivaces aujourd'hui avec les armoiries et la monnaie qu'il y créa. Plus tard encore Elba revint à l'Italie avec un épisode allemand durant la dernière guerre.


     Tout à l'extrémité Est de l'île se trouve Porto Azzurro. C'est une grande baie, formant un entonnoir, sur le bord de laquelle se trouve le principal port touristique de l'île. De nombreux ferries assurent la desserte avec, entre autres, Piombino sur le continent italien, très proche. Tout au fond de la baie une marina est en cours d'installation. Ce port dispose aussi d'une petite zone technique. Malgré une activité touristique importante, l'endroit reste très accessible aux plaisanciers. Cet abri naturel offre une escale de choix pour visiter l'île. Ses attraits ne manquent pas.


     Dans les premiers mouillages que nous pratiquons sur Elba, nous découvrons une chose tout à fait étonnante, ce sont les cailloux des plages… Ces cailloux ne sont pas de vulgaires caillasses, non…! Ce sont des petits galets colorés et calibrés qui déclinent toutes les nuances de l'arc en ciel. On dirait que certaines plages sont couvertes de "Smarties" ; les galets d'Elba sont de vrais bonbons ! A chaque fois que nous débarquons, c'est plus fort que nous, nous en ramassons des poignées tellement ils sont jolis ces petits galets, ces bonbons d'Elba.




     Les abords vers l'intérieur sont montagneux et dans de nombreux endroits gisent les restes d'installations minières. Des grues, des trémies, des concasseurs, wagonnets et autres tapis roulants délabrés dénotent l'activité passée, importante, liée aux mines de fer sur Elba. De nos jours elles sont pratiquement toutes à l'abandon. Pourtant toute l'île entière est une réserve minérale fabuleuse. Pour preuve ce commerçant de Porto Azzurro que nous visitons. C'est un lapidaire joaillier, ses vitrines sont emplies des trésors qu'on y a découvert au cours de ces 150 dernières années. Le labeur minier est fécond dans ce domaine. Pour ma part, je n'ai jamais vu, de toute ma vie, une aussi superbe, une aussi complète collection de minéraux, de gemmes et de cristaux ! On y trouve entre autres, une variété de tourmaline spécifique à l'île d'Elbe : l'elbaïte. Ces "aiguilles" cristallisées d'un rose fluorescent sont magnifiques et particulièrement recherchées par les collectionneurs du monde entier ! D'ailleurs les visiteurs "non acheteurs" sont si nombreux maintenant que ce n'est plus un magasin de joaillerie mais un véritable musée de la minéralogie. Une merveille, ce magasin, réellement. Si un jour vous allez à Elbe, il ne faut surtout pas rater cette échoppe flanquée au début de la petite ruelle piétonnière. Elle est située dans Porto Azzurro, près du quai des ferries, une merveille je vous dis… C'est la caverne d'Ali Baba du prospecteur minier !

 


     Nous passons une semaine extraordinaire sur l'île d'Elbe. Depuis ce petit paradis, nous allons pouvoir enfin rejoindre notre route initialement prévue : la Corse. Maintenant la seule escale facilement accessible sur l'île de beauté est Bastia. C'est en face, juste à portée de voiles de Portoferraio. Ce "bastion" est à seulement 5 ou 6 heures de navigation…


     …depuis les "bonbons" d'Elba.


Suite du TOME II...Chapitre 240...

 

Photo de Kerguelen dans les glaces près du Cap Horn...

 

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21/11/2005
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