045 Tourmentin : en faire une vraie voile de gros temps...

045 Tourmentin : en faire une vraie voile de gros temps…

Dans la garde robe d'un voilier hauturier on trouve forcement (en principe) une voile de mauvais temps : le tourmentin ! Mais celui-ci est toujours « brut de décoffrage »… je veux dire par là, fabriqué d'une façon classique, de série, c'est-à-dire souvent trop grand et peu ou pas renforcé…

Alors voici quelques conseils, après avoir utilisé en conditions bien réelles notre tourmentin, et par conditions sévères de navigation dans le très mauvais temps…

En premier, diminuer sa surface…

Un tourmentin de série est toujours trop grand en surface. Pour exemple le notre faisait au départ 6,5 m²… Ce qui est trop grand pour une utilisation sécurisante. Nous l'avons donc diminué à environs 4,5 m² ! C'est largement assez, premier point.

En second, changer ses mousquetons…

A l'origine toujours, les mousquetons pour endrailler cette voile sont toujours faits comme pour les autres voiles, c'est-à-dire montés avec des mousquetons classiques en laiton à tirette (muni d'un ressort acier). Mais, cette voile qui est toujours remisée dans un fond de coffre en pensant ne jamais l'utiliser, sortira de sa léthargie en piteuse état, humidité oblige…/… A savoir que les mousquetons seront tous systématiquement grippés ! Bonjour la mise à poste ! Et là, vous comprenez alors le manque de préparation pour ce mauvais temps si redouté. C'est trop tard ! Alors quoi faire… ?

Eh bien troquer tous les mousquetons de draille laiton par des manilles inox à montage rapide. C'est-à-dire des manilles qui n'ont pas des manetons à visser mais des manetons quart de tour à blocage ( Il est possible d'utiliser aussi des vrais mousquetons inox, genre harnais de sécurité, mais, personnellement, je me méfie de tout ce qui possède un ressort !)... Ca c'est déjà une bonne chose ! Ensuite eh bien les doubler en nombre. C'est l'objet du troisième point…

En trois… doubler les points d'attaches…

Pour doubler les points d'attaches, facile, il suffit de refaire un œil de pie entre chaque point existant (mousquetons). Ne pas hésiter à percer à l'aide d'un fer à souder (cela permet de souder les différentes épaisseurs de tissus entre elles) plutôt qu'utiliser un emporte-pièce. Le tissus des tourmentins étant très épais (en général entre 340 et 450 grs/m²), le travail en sera facilité. Ensuite sertir des œillets à mater et ajouter une manille rapide comme indiquer ci-dessus.

En quatre… laisser à poste, en permanence dessus, ses deux écoutes…

En effet, si vous laissez ses écoutes frappées dessus, elles vous serviront immédiatement mais surtout vous aurez tout de suite sous la main, un bout qui permettra de les assurer avant qu'une bourrasque ou un paquet de mer vous arrache le tout des mains ! Avec le très mauvais temps, il devient vite dangereux de manipuler des voiles ou des cordages à cause de la violence des éléments… ! C'est donc un élément de sécurité supplémentaire.

En Cinq… utiliser cette voile sur l'étai de trinquette plutôt que tout à l'avant…

Par très mauvais temps, il est toujours difficile et dangereux de se tenir à l'étrave du bateau. Il sera donc préférable d'utiliser votre tourmentin sur un étai de trinquette voire, sur un étai largable, plus près de votre grand mat. Le bateau sera moins ardent, la sécurité de manœuvre assurée et son efficacité accrue également. Alors, quoi de mieux ?

N.B. Pour la petite histoire, à la première utilisation de notre tourmentin, c'était dans un bon coup de vent qui dura environs trois jours près des Canaries, eh bien les mousquetons (d'origine : en laiton donc) de notre tourmentin se sont usés au point de se couper en deux au bout de 48h seulement ! Conséquences directes des vibrations, frottements, usure intense, échauffement.../... On n'en était pas revenu de voir la vitesse à laquelle cela s'était produit...

C'était quelques conseils de vieux navigateurs.

Qu'on se le dise ...et bon vent !

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