Le Trésor Des Kerguelen

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08 Signe précurseur d'une tempête…

     Ce qui suit est une observation que j'ai faite et consignée de très nombreuses fois (Nota1) sur les documents du bord, principalement en zones tropicales mais aussi dans des latitudes plus élevées… Mais je la donne car, encore une fois, c'est une observation pratique (personnelle et sans valeur scientifique), mais qui marche !

C'est un bon signe précurseur qui vous dit qu'une tempête arrive sur vous…

Explications avec exposé de quelques notions de base pour comprendre le phénomène…

     L'atmosphère est soumis à une certaine pression qui se mesure en hectoPascal ( millibars auparavant mais rien ne change quant aux chiffres). L'observation de cette pression dans un même lieu, montre au cours de la journée que celle-ci varie en fonction de la course du soleil… On obtient une courbe caractéristique qui passe par deux maximums (10h - 22H) et deux minimums (4h -16h, heure solaire).

     Les scientifiques nous disent que cette variation d'amplitude peut aller de 2 à 6 hPa et qu'elle est plus ample le jour que la nuit. Elle s'appelle la marée barométrique (voir un exemple de graphe …ici…). Si on observe des enregistrements, effectivement, surtout en zone tropicale, cette variation est très visible et régulière . Encore une fois, je l'ai personnellement observée sous bien d'autres latitudes (de 2 à 4 hPa pour ma part)… Mais là où l'observation devient intéressante et c'est mon fameux signe précurseur, c'est que j'ai observé que cette variation journalière de pression, cette marée barométrique s'arrête complètement pour donner un trait plat sur le graphe (comme la mort sur une électrocardiogramme) à l'approche d'une dépression !

     J'ai mis du temps à remarquer cette anomalie mais en jetant un oeil sur les bandes archivées, je l'ai retrouvé à maintes reprises… D'où l'idée de s'en servir comme signe précurseur d'un coup de vent imminent.

Alors de là à en sortir une règle mathématique, non, ce n'est pas possible. Mais l'expérience nous a montré que le coup de vent survenait, en pratique, entre les 18 et les 36 heures qui suivaient le début de ce baro bien plat ! (voir un exemple de nos enregistrements cas du cyclone Béti en Calédonie -1996…ici…). Voir aussi le Nota 3 en bas en complément de l'extrait de la feuille de graphe.

A noter le "plat de pression" juste avant le puits de dépression, typique des phénomènes météos très creux comme les dépressions australes ou les cyclones.

Alors la question fuse tout de suite pour un chercheur…

     Mais qu'est ce qui peut bien provoquer cette arrêt de la marée barométrique avant une tempête ?

     Eh bien à force de persévérance je crois avoir trouvé. Je vous la soumets mais encore une fois cela n'a aucune valeur scientifique... Lors de l'arrivée d'une violente perturbation (cas d'un cyclone ou d'une dépression très creuse), l'étage moyen est parcouru par de violents courants d'advection (horizontaux) qui alimentent le cœur de la dépression en énergie. Au-dessous de ces couloirs, dans l'étage bas, la masse d'air (et donc le vent aussi) est différente (ce qui donne au passage, ces "rues" de strato-cumulus si impressionnants car bien rangés en petits pains et qui se remarquent depuis le sol…). Or ce que l'on mesure nous, justement, c'est la pression au sol. L'étage moyen étant donc parcouru par ces masses d'air, très dense, compactes et rapides, eh bien le champ de pression habituel n'arrive plus à être perturbé par le passage du soleil. Soleil d'autant plus voilé donc évincé pour ses effets par l'épaisseur et l'inertie de la masse nuageuse. Sur le graphe, la présence de ces couloirs d'advection de l'étage moyen, se traduit par un barographe complètement plat, là où d'habitude il y a une "marée". Cette anomalie est un vrai signe précurseur pour qui sait l'observer , je vous l'assure ! Je me suis "servi" de ce signe de nombreuses fois quant au choix des mouillages ou encore de la tactique à prendre pour router. Ceci en particulier en naviguant sous les latitudes de la Patagonie atlantique comme pacifique (40° à 55° Sud).

Je n'ai pas encore fait d'observation pour la France, mais c'est à faire pour "voir"…/…Sur le NET on trouve des études sur le sujet, et qui la montre pour notre latitude... entre autres...ici, par exemple.

Nota1 : On possède des kilomètres de bande enregistrée de notre barographe avec les paramètres météos notés : pression, force et direction du vent, nébulosité, observations diverses, la houle… Une passion pour moi durant toutes ces années.

Nota2 : Un site très bien fait pour les navigateurs (du Haut Commissariat de Polynésie) et complet pour les candidats au départ vers des zones à risques...ici... 

Nota 3 : Sur le graphe de Béti, vous pouvez voir que, juste avant de plonger, l'enregistrerment de la pression est rectiligne alors qu'auparavant la marée barométrique est bien visible. Pour la petite histoire il y a une coupure dans le tracé car mon barographe qui est mécanique s'était arrêté. Nous avions évacué les bateaux et pour notre part nous nous étions réfugiés dans un bâtiment en construction près de la marina... Nous passions au bateau toutes les heures environ pour remettre les protections. Remarquant le baro arrêté, je l'ai "remonté" ; ce qui explique que le plongeon est aussi plus vertical que la réalité. Mais "le plat" à durer environ 18 heures avant de plonger. Il faut dire aussi que l'oeil de Béti est passé pile sur Nouméa, sur nous. Au passage de l'oeil, on s'est retrouvé dans un ciel bleu avec une chaleur soudaine et anormale, une odeur bizarre. C'était le "mur de foehn" du cyclone avant d'être replongés une heure plus tard environ dans la tourmente des orages avec une inversion totale des vents... C'est la grosse "surprise" du passage de l'oeil !

Par ailleurs, les valeurs de pression et de vents indiqués permettent de vérifier la justesse des formules de calculs empiriques, données précédemment.

Qu'on se le dise ...et bon vent !

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