244 Tout savoir sur nos fusées de détresse …
244 Tout savoir sur nos fusées de détresse …
A bord de nos bateaux, dès l’instant que nous sommes opérationnels pour la haute mer, il nous faut posséder des fusées de détresse. Un arrêté récent nous dispense* de celles-ci si nous possédons un VHF AIS – ASN couplé GPS (donc pouvant retransmettre automatiquement la position du bateau). Pour ma part, je trouve cette mesure assez ridicule car un appareil électronique, et ceci quel qu’il soit, ne remplacera jamais un feu rouge bien brillant et visible de très loin. Une panne radio est si vite arrivée !
*Fusées : dispense valable pour les fumigènes et fusées parachutes seulement. Pas les feux à mains.
* tuyère-event de spinage : sur celle de droite (tout en alu), on voit une sorte de pastille avec un trou minuscule au milieu. Il y en a 3 réparties sur le pourtour. Quant à celle en plastique, à gauche, ces 3 minis tuyères sont dans le fond même de la chambre de combustion (bien visible sur la vue détaillée).
Quelques données techniques sur les fusées…
Les fusées parachutes sont en fait des mini-fusées composées d’un propulseur à poudre et d’une charge utile : un petit container. Ce container est composé du feu de Bengale rouge et de son parachute de descente. L’ensemble de la fusée est monté dans un tube, une sorte de grosse cartouche servant d’emballage et de guide, pouvant être maintenue à la main pour le tir.
Hauteur de propulsion de la fusée (avec tir vertical) au moment de l'allumage du feu : + de 300 m en moyenne.
Le parachute classique avec son feu de Bengale allumé, redescend à la vitesse de 5 m/s environs. Sachant que le lanceur monte en moyenne à 300 m de hauteur, le feu pourra donc être visible (au mieux), durant 300/5 = 60 sdonc au maximum : 1 minute. Les fabricants eux, indiquent plus volontiers 40 à 45 secondes seulement.
L’intensité théorique de luminosité varie de 30 000 à 90 000 candelas, suivant les fabricants.
La distance de visibilité par temps clair va jusqu'à 25 nautiques environs (40 à 45 kms). Plus par nuit noire.
Poids de l'ensemble volant (la cartouche propulseur conteneur - feu rouge parachute) après le tir : 300 à 330g, suivant les fabricants.
Vitesse de projection du conteneur complet au moment du tir : jusqu’à 80m/s en sortie de tube. C'est donc un engin puissant et dangereux (vu le poids propulsé), à manipuler avec prudence.
La stabilité du tir sur trajectoire est assurée par une mise en rotation rapide (appelée spin en balistique) de
l'ensemble fusée- conteneur. Cette rotation est assurée par 3 ou 4 micro-tuyères (suivant les fabricants), positionnées dans le bas de la chambre de combustion (en périphérie ou en dessous –varie suivant fabriquant). Ces tuyères de « spinage » sont percées de biais, minuscules et à peine visibles sur l'enveloppe de la chambre de combustion.
Durée de vie de ces fusées de détresse…
La loi fait obligation d’une durée de vie minima de 3,5 ans. Certains fabricants annoncent 5 années. Il faut cependant savoir que ces fusées, stockées dans de très bonnes conditions (sachet resté étanche), resteront efficaces durant des dizaines d’années. J’ai eu l’occasion de le vérifier en tirant bon nombre de ces fusées périmées. Certaines, veilles de plus de 30 ans ont parfaitement fonctionnées. Pour la petite histoire, j’avais pris soin auparavant de retirer le feu de Bengale (accroché au parachute par un petit fil de fer) et d’y mettre en lieu et place un gros écrou faisant office de contrepoids au parachute. Ce petit bricolage* peut aisément se faire et fera la joie des enfants dans les contrées perdues au bout du monde ! Vos vieilles fusées auront ainsi une belle fin de vie festive, tout en vous apprenant à vous en servir et en comprenant parfaitement leur fonctionnement. Dans ce cas de modification de la charge utile (remplacement du feu par un poids), il est impératif de bien centrer ce poids et de bien le fixer dans la capsule container. En effet, le spinage rapide du lanceur ne tolère aucun déséquilibre sur son axe de tir, sinon ce dernier fera partir la fusée n’importe où dans le décor (danger donc). Le remplacement du feu de Bengale par un poids mort sera donc à peaufiner parfaitement au point de vue centrage et fixation dans la coiffe.
*Bricolage : ce bricolage sera plus facile à faire sur certains modèles que d’autres. En effet, on en trouve fabriquées entièrement en matière plastique et d’autres, complètement faites en aluminium. Ces dernières sont très faciles à modifier. Par contre, sur celles en plastique, la coiffe (aussi en plastique) est montée à force et maintenue par 3 griffes qu’il n’est pas aisée de faire sauter sans les casser. Cependant c’est possible en faisant très attention. Je conseille néanmoins celles en alu, car celles-ci sont très facilement « modifiables ».
Vérifications utiles…
Si comme moi, vous êtes curieux de nature, il est aisé d’ouvrir et de vérifier le contenu et le bon stockage de vos fusées (quand elles deviennent périmées). Il suffit de retirer la capsule du haut du lanceur (souvent scotchée – mais parfois, il y a en plus, un opercule en aluminium, scellé – donc à préserver) puis de retourner l’engin. Là, l’ensemble propulseur - conteneur à Bengale et parachute, vous tombera dans la main. Cette petite manipulation permet de vérifier que le propulseur sortira parfaitement de son tube de lancement sans anicroche lors du tir. Au final, c’est la chose primordiale à vérifier sur ces fusées parachutes. La partie basse elle, contient l’allumeur proprement dit et il vaut mieux ne pas le titiller du tout (petit crochet ou palette à bascule ou à retournement, retenu par une goupille de sécurité). Avec le temps et si l’enveloppe (soudée étanche à l’origine) se retrouve ouverte, des bestioles pourraient avoir fixé le conteneur dans son tube de lancement (déformation aussi possible du tube en plastique – par échauffement au soleil ou encore bestioles ayant colmaté l’étui – araignées, guêpes, autres…). Ceci est la toute première raison du non fonctionnement d’une fusée parachute qui « ne part pas » à sa mise à feu malgré son allumage. En second, cela pourrait être un allumeur défectueux si l’ignition ne se produit pas du tout.
Observer et comprendre comment fonctionnent ces engins pyrotechniques est à la portée de tous. Cependant, si vous ne vous sentez pas à l’aise pour le faire, demandez à quelqu’un d’expérimenté et vous saurez ainsi vous aussi, mettre en oeuvre ces engins de détresse. Le jour où vous aurez à vous en servir pour de bon, hélas, il sera bien trop tard pour apprendre. Anticiper la manipulation de ces engins pyrotechniques, c’est prendre un temps d’avance sur une véritable future situation de détresse.
Cas d’utilisation en véritable détresse…
Si un jour vous avez un besoin réel de vous servir de celles-ci…
Prenez des gants de cuir pour faire cette manipulation (au moins pour la main qui tient l’engin). Si vous n’avez pas de lunettes de vue, équipez-vous aussi. Puis tirez là vers le haut, un peu penché du côté d’où vient le vent si il y en a, sinon à la verticale. Attendez un bon moment avant de tirer les suivantes car même si quelqu’un vous a vu, il faudra du temps pour alerter les autorités compétentes et mettre en place des secours. Une demi-heure d’attente me semble être un minimum entre deux tirs. Tout dépendra aussi du nombre de fusées dont vous disposerez et du lieu géographique de votre détresse.
Qu’on se le dise …et bon vent !
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