287 Capote, Taud ou Bimini. Doter le cockpit d'une bonne protection…
287 Capote, Taud ou Bimini. Doter le cockpit d'une bonne protection…
Pour tous ceux qui naviguent seulement en période estivale, la capote de cockpit n'est pas un accessoire vraiment indispensable sur un voilier. Il suffira d'avoir installé un Bimini, c'est-à dire un taud simple, assurant de l'ombre dans le cockpit. Cela sera bien suffisant pour l'été, c'est vrai ! Mais il en va autrement dès l'instant que vous partirez naviguer au loin, vers la haute mer. Car qui dit haute mer, dira aussi probablement coup de vent, grains, voire très mauvais temps... Et là, eh bien, il faudra étaler et subir ce mauvais temps. En étant loin des côtes, il ne sera plus possible de penser rentrer se planquer dans un port ou une marina ! Ceci est vrai pour les marins comme pour le matériel du bord. La capote de protection du cockpit deviendra donc un élément indispensable à prévoir pour ce genre de situation au large, principalement en prévision de ce mauvais temps.
Pour tous ceux ayant connu du "vrai gros mauvais temps" en mer, on sait bien que tempête signifie toujours, fortes pluies, vent à décorner les boeufs, vagues déferlantes, pont balayé par des embruns, voire des paquets de mer inondant les superstructures jusqu'au cockpit... et le reste ! (c-à-d rinçage total des équipiers comme en machine à laver)... Car en prime, il faut aussi pouvoir s'accrocher pour ne pas se faire balader avec le risque de passer par dessus bord (comme : points d'appuis, mains courantes disponibles partout, lignes de vie parées, etc...).
Le risque de gros temps doit obligatoirement faire songer au skipper d'anticiper sur le matériel spécifique, tout comme les solutions techniques pour y faire face, ceci, bien avant la survenue de telles situations.
Alors quelles sont les différentes solutions pour mettre en place pareil accessoire...?
Si vous avez un bateau lourd et assez vaste pour faire un "abri" en dur, alors oui, vous pouvez vous lancer dans une capote entièrement rigide (le hard-top). Suivant la nature même du bateau au départ, vous aurez le choix entre aluminium, acier, Plexiglass ou résine (avec ou sans armature en tubes inox ou en stratifié si vous êtes un adepte de ces matériaux). Mais, car il y a bien vite un gros "mais"... Il faut savoir que si vous faites une capote en dur, un hard-top (style de celles que l'on trouvent sur les Mikado, les Super Maramu, etc... c-à-d basse et intégrée à la structure même du voilier...), il faudra qu'elle soit capable d'encaisser la force ou le poids des paquets de mer tombant sur sa structure et ses "vitres" en particulier (glaces en Plexis). Là, çà veut dire que l'échantillonnage des matériaux utilisés devra être sérieusement étudié. Bon, c'est tout-à-fait réalisable, il faudra y mettre tout son savoir et le bon prix, il n'y a pas de miracle !
Si vous avez un voilier déjà plus léger avec beaucoup moins de place ou d'ancrage possible autour de la descente, je conseillerai de suite de faire une capote en toile forte montée sur armature légère en tubes inox. Cette capote devant également pouvoir se replier en cas de nécessité. C'est ce choix que l'on avait fait sur Kerguelen dès sa construction.
Pourquoi alors une telle capote en toile forte...?
Eh bien tout simplement, c'est sa souplesse qui fera office d'amortisseur aux vents forts ou aux paquets de mer pouvant s'abattre sur elle. Sur notre bateau Kerguelen, dès le départ j'avais opté pour ce type de protection du cockpit. Et cela a vraiment été un plus pour nous durant tout notre périple autour du monde. Nous avons crevés* ces panneaux en Vinyle transparents plusieurs fois certes (par le vent, la mer et/ou l'usure du temps...), mais elle a toujours rendu de sérieux services en nous protégeant parfaitement des intempéries. Ces panneaux transparents en Vinyle souple (il y en avait deux, seulement sur la partie avant pour conserver une bonne visibilité sur l'étrave) étaient faciles à remplacer car j'en avais préparé plusieurs d'avance. Comme la toile de cette capote était montée lacée, sur la structure de l'hiloire du cockpit (et par fourreaux sur les montants en tubes inox), il suffisait d'une petite demi-heure pour l'enlever complètement et remplacer une "vitre" déchirée, à la machine à coudre. Un must !
*panneaux crevés : il suffisait alors de les bariolés sur place par du scotch fort et c'était réparé illico, provisoirement certes mais à nouveau, utiles et fonctionnels ! A ce propos, il faut toujours avoir à bord ces rouleaux de scotch fort (siliconé ou aluminisé) car ils sont d'un réel secours pour plein d'occasions...
Pour parfaire cet abri situé juste au dessus de la descente, nous y avions adjoint un taud en toile forte, identique lui aussi, qui rallongeait cette capote en couvrant entièrement le cockpit jusqu'au mât d'artimon. Ce qui fait que toute la partie centrale du bateau était protégée tant du soleil que de la pluie ou des embruns. Lieu de vie "en terrasse" que nous pouvions donc utiliser également comme "salle à manger de plein air". J'avais fait pour cela une table qui s'adaptait en appui sur les bords des bancs du cockpit. Ainsi, nous pouvions déjeuner tous les quatre "en terrasse", un vrai luxe ! Ce taud était conçu pour pouvoir se réduire en surface aisément (à l'aide de sandows) et donc s'adapter en fonction des conditions de vents ou de soleil, rencontrées. C'était une petite merveille de simplicité et d'efficacité. Des toiles d'hiloires étaient disposées enfin dans les filières sur les côtés, afin de retenir les embruns qui pouvaient sautés jusqu'au pont par allure de près serré dans une bonne brise ! La vie à bord de ce voilier était réellement un régal de fonctionnalités. C'est bien pour cela d'ailleurs que notre Tour Du Monde en vivant toujours à bord a duré si longtemps : près de 26 années ! C'est dire si notre maison flottante était adaptée à nos besoins et très fonctionnelle.
NB : Sur le côté on peut voir également une petite extension de toile qui est roulée (juste au dessus de la tête des filles). Ces appendices supplémentaires servaient à compléter la protection du côté exposé aux embruns volants par forte brise. Elle se déroulait et s'accrochait vers l'arrière par un sandow sur un petit pontet.
Photos de cette capote en toile forte sur Kerguelen...
Elle était constituée par deux tubes épais en alu (cintrés en "U" inversé) reliés entre eux par des sangles seulement. Le tout était pris sur des articulations fixées sur le contre-hiloire, à plat de chaque côté. Enfin sur l'arrière une seule sangle la retenait fixée au mât d'artimon (attachée par une boucle à largage rapide). Ainsi, il était très facile de la replier vers l'avant si nécessaire. Elle venait alors se poser sur la partie avant du contre-hiloire sans ne rien gêner des manoeuvres courantes. Une simplicité de mise en oeuvre et de repli, à toute épreuve. Je me souviens avoir été projeté contre elle par 2 ou 3 fois depuis le pont, par mauvais temps eh bien, malgré mon poids rien n'avait cédé. C'est dire si la souplesse d'un tel montage permet d'encaisser les coups de boutoir de la mer et de ne pas m'être blessé non plus, (pas de bris) !
Pour la petite histoire...
Kerguelen est reparti sur les flots cet année dans les glaces du Grand Nord cette fois... Eh bien au premier coup de vent sérieux survenu près des côtes du Groenland (récemment : début juin 2017), la nouvelle capote de Kerguelen est partie en miettes. Ses nouveaux skippers avaient choisi de la refaire en Plexiglass intégral (au lieu de changer la toile seulement abîmée et vieillie par le temps). Pour ma part, je ne suis pas étonné de ce résultat. Ainsi faite, avec une telle surface rigide offerte aux éléments déchaînés, impossible pour elle de "plier l'échine" sous les coups de boutoir du vent ou des paquets de mer... Ca passe ou çà casse... Et là, çà s'est cassé, donc à refaire (sans parler du risque de blessures dans ce cas, en plus). J'espère que cette fois, elle sera refaite en toile forte. C'est vraiment la meilleure solution pour naviguer sous les hautes latitudes (froid, neige, grêle, embruns givrés, pluies, vents catabatiques...). Notre expérience est là pour en témoigner.
Dans la fable du chêne et du roseau de notre ami Jean de la Fontaine...
"Le roseau plie mais ne rompt pas"... CQFD.
Qu’on se le dise …et bon vent !
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