Le Trésor Des Kerguelen

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289 Abattre en carène ou, le carénage "sauvage"…

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289 Abattre en carène ou, le carénage "sauvage"…

 

 

 

     Dès l'instant que l'on quitte les entiers battus en navigation hauturière, il faudra penser malgré tout au carénage. Et qui dit navigation hors des sentiers battus dira aussi parfois un isolement total. C'est-à dire pas de marina ni chantier nautique ni moyen de levage ni même âme qui vive ! Alors comment procéder pour caréner tout de même son bateau ou simplement pouvoir intervenir sous la coque pour une réparation quelconque...?

Eh bien savoir profiter des grandes marées pour abattre en carène.

Cette technique était bien connue des anciens navigateurs. Elle a disparue de nos côtes depuis longtemps. Pourtant c'est un moyen assez simple et surtout gratuit pour pouvoir caréner son bateau ou bien intervenir sur la coque afin d'effectuer une réparation sous la flottaison.

Voici un petit aperçu de nos différentes expériences dans ce domaine du carénage sauvage.



Le choix du lieu ou se fera la mise à sec...

     Bien sûr cela se fera obligatoirement dans une région maritime où il y a présence de marées. Mais dès le départ il y aura un choix à faire sur la nature du terrain où l'on pense pouvoir coucher son bateau sans prendre trop de risque. On peut le faire sur le bord d'une plage présentant une pente d'approche assez raide. Il faut s'assurer auparavant que l'endroit ne sera exposé à de la houle ou même simplement du fetch important si le vent se levait fort. Il faudra alors choisir un endroit sûr, une baie plutôt petite, fermée et protégée des assauts de la mer extérieure. Un fleuve, une rivière ou un estuaire peut facilement être accueillant pour ce genre de recherche.

Abattage en carène, ici en Guyane dans la crique de Guetemala (sablière), sur la rivière Kourou.
Echouage 01.jpg

     Si vous êtes dans un endroit côtier plutôt rocheux avec des petites falaises non agressives, vous pouvez aussi tenter de vous y mettre dans la mesure où les fonds à leur pied seront réguliers, durs et exempts de danger. Dans un tout premier temps, il faudra donc venir observer l'endroit à marée basse. Parfois on peut même découvrir d'anciens quais ou des restes de constructions bétonnées ayant servies à des expéditions, ou travaux marins, aux chasseurs de phoques ou aux baleiniers d'autrefois... Il ne faudra pas hésiter à aller inspecter les lieux, sonder les environs et si le coin vous paraît serein, y venir caréner.

Exemple ici de posé, le long d'un ancien quai sur l'île d'Itaparica au Brésil (proche de Bahia).

Echouage 02R1.jpg

 

Autre exemple contre un vieux quai écroulé à Pariacabo (Guyane).

Echouage 04.jpg



La bonne période pour le faire...

     Comme il s'agit ici d'utiliser les marées pour faire des travaux ou bien le carénage sur son bateau, il faudra impérativement consulter auparavant les tables de marées. En effet, tout marin sait que les marées évoluent en suivant les cycles lunaires. Les horaires changent chaque jour et les hauteurs d'eau aussi. C'est surtout là, sur ce point qu'il ne faudra pas se tromper. Si vous êtes certain de ne pas dépasser d'un jour ou deux sur le temps d'intervention sur la coque, vous pouvez échouer le bateau et travailler même si les coefficients descendent. Cependant, attention. Si dès le départ déjà la hauteur d'eau sous la quille est très juste, il ne faudra pas trop traîner. Il faudra donc faire vite si vous voulez être sûr et certain de pouvoir quitter la place avec assez d'eau sous la quille pour décoller ! Si les marnages suivants ne vous permettent plus de repartir, pensez qu'il faudra attendre une bonne partie de la lunaison (pratiquement 10 à 15 jours), avant de pouvoir retrouver une hauteur d'eau suffisante et ressortir du piège. Donc bien s'assurer de tous ces paramètres avant de décider du lieu et du jour de l'échouage en fonction de ces hauteurs d'eaux disponibles.

 

     Sachez enfin que, les horaires des marées suivant sagement la lune (et pas le soleil !), il sera donc parfois nécessaire de retourner le bateau en plein milieu de la nuit afin de pouvoir attaquer l'autre moitié le lendemain ! Ce genre de carénage sauvage, avec abattage en carène dans la nature (ou posé acrobatique) sera toujours du sport de haut vol... De plus lors d'une abattée en carène, il est bien évident que vous ne pourrez plus faire grand chose de pratique concernant votre vie à bord durant le couchage du bateau. A prévoir donc auparavant pour tout ce qui concernera la logistique et la vie à bord (cuisine, outillage, récupération du matériel comme le couchage à bord proprement-dit). Pour notre part, nous avions résolu le problème en nous installant à terre, sur le haut de la plage, avec nos 2 tentes de camping. Ainsi pas d'ennui de logistique durant les 3 jours et demi de carénage (1 jour de calage et de nettoyage de la coque. Puis 1 jour par côté avec demi-tour nocturne pour se repositionner). La sortie finale se faisant aussi de nuit. Pour cela j'avais préparer le mouillage par avance. une fois le bateau relevé, il ne restait plus qu'à se déhâler à la main jusqu'à la bouée du mouillage déjà en place et enfin "reprendre la nuit normale" ! A chaque fois cela nous donnait 4 jours de travail (et partiellement nuits...) bien chargés.

 

     On a toujours trouvé que ces carénages sauvages étaient bien sympathiques finalement. Non seulement ils sont gratuits mais vous avez autour de nous une belle nature avec de jolis terrains de jeu pour les enfants. Alors quoi demander de plus, de mieux...? Il suffit donc d'acheter le matériel nécessaire au carénage par avance et de chercher un endroit propice à ce lifting annuel. Dans ces conditions, ce n'est plus une corvée que de caréner son bateau mais un travail plaisant.



Précautions à prendre pour la sécurité du bateau...

     Outre les histoires de marnage et de hauteur d'eau, il faudra assurer le bateau à terre par des cordages pour que, une fois vraiment posé sur sa quille, il ne puisse plus en bouger du tout. Ceci est très important dans le cas où vous vous échouez contre un tas de cailloux (rochers - quai écroulé, etc...) pas très stable ni très haut. C'est-à dire veiller à ne pas s'incliner, une fois posé, ni vers la mer ni vers la terre ! Si vous avez un voilier à quille de sabre, comme c'était notre cas, il faudra s'assurer en plus qu'il ne puisse pas tomber en plus vers l'avant ou vers l'arrière ! Ce qui complique encore sérieusement les opérations de calage et son arrimage vers le sol... Pour ce faire nous avons toujours utilisé la même méthode. Elle consistait à tenir le bateau par ses drisses de tête de mâts et de les amarrer le plus loin possible à terre (en les rallongeant). Si votre bateau est bien droit sur sa quille, il faut savoir qu'à ce moment-là, il suffit de très peu de force pour le maintenir ainsi bien d'aplomb par sa tête. Donc le caler le plus droit possible dès le départ. Ainsi son maintien au sol en sera grandement facilité.

Si votre bateau est du type "carène longue", le poser en sera facilité, c'est certain. On peut même envisagé de se poser hors appui, simplement tenu par deux béquilles latérales, comme on voit dans les ports de très fort marnage (France : côtes Atlantique Nord, Grande-Bretagne, pays nordiques, Canada, Alaska, New Zeland...).

 

 

Mise en peinture de l'antifouling...

 

     Quand on carène entre deux marées, bien sûr le temps se retrouve rapidement décompté, il faut donc tout préparer à l'avance. Si on fait la mise en peinture à la brosse (pinceau), les 4 à 5 h d'eau les plus basses seront tout juste suffisantes pour peindre le premier côté (soit, pour nous 13 m² environs). Il reste donc le rouleau qui lui, permet un travail déjà plus rapide. Mais pour ma part j'utilisais un moyen encore plus speed : le pistolet. Il fallait donc aussi utiliser le petit groupe électrogène en même temps, puisque "électrique". J'avais la chance d'avoir trouvé cet outil aux USA et c'était une merveille quant aux résultats. Il me fallait à peine 3/4 d'heure pour peindre tout un côté de la carène du bateau avec un fini exceptionnel (avec charge bien dosée et régulière).

On utilisait le pinceau uniquement pour les endroits difficiles d'accès ou particuliers. Le plus long dans l'histoire était le nettoyage du pistolet lui-même car ces outils sont délicats. Mais cela pouvait se faire tranquillement ensuite, hors des contraintes de hauteur d'eau !

 

Si on abat en carène, le bateau se couche donc sur son flanc. Pour le premier côté cela n'entraîne pas de souci particulier au niveau protection. Par contre, une fois fait, ce premier côté devra être bien protégé car c'est lui qui sera en appui sur le "sol" pour peindre le second côté. Il faut donc prévoir "un bon matelas", quelques bons pneus qui seront disposés en protection avant de coucher le bateau sur ce côté terminé !

 

 

Qu’on se le dise …et bon vent !

 

 

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22/09/2017
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