048 Se Fabriquer un Paratonnerre...
048 Se fabriquer un paratonnerre…
Sur les bateaux il est extrêmement rare de voir de tels appareils à bord. Pourtant il est d'une simplicité enfantine de se faire soi même cette protection ingénieuse contre la foudre. Cette protection sera plus qu'utile sur un bateau en bois.
Au cours de notre périple nous avons pu constater plusieurs fois les dégâts que peut provoquer la foudre sur les bateaux, plus encore sur les voiliers où nos mâts constituent de "vrais faux" paratonnerres. Cela va d'un appareil radio simplement grillé à la destruction totale du bateau par un incendie généralisé après impact de la foudre, voire sombrer à cause des dégâts aux structures mêmes du bateau ! D'où un réel danger.
Il est pourtant si facile de se protéger.
Voici comment faire un paratonnerre (que nous avons fait à bord de Kerguelen) et qui a reçu la foudre bien des fois si on regarde de près ses éléments noircis en tête de mât…
Fonctionnement d'un paratonnerre, rappel...
Les paratonnerres sont des dispositifs destinés à attirer la foudre et d'écouler aisément les décharges électriques au sol. Ils se placent toujours sur les points les plus hauts des bâtiments ou des éléments à protéger. Ils sont constitués d'une pointe acérée, appelée "pointe de choc" et, pour les plus sophistiqués, d'une chambre de ionisation (munie d'éléments radioactifs disposés en pointe sur le pourtour - par exemple : des aiguilles de radium).
Partie Basse du paratonnerre :
Sur un voilier le conducteur de descente est tout trouvé : vous prenez un des deux haubans de tête de mât. Celui-ci court déjà depuis le pont jusqu'en haut du mât. Reste à trouver une chute de hauban identique de 5 ou 6 m de longueur et de 6 mm minimum de diamètre (idéal : souple, inox, multi-brins). Ensuite vous le fixer sur la partie basse du hauban en question (le plus bas possible au-dessus du ridoir), près du pont avec un étrier laiton genre pour cosse de batterie. Il faut du costaud car les intensités mises en jeu lors d'une décharge orageuse vous casseront tout si trop faible. Au bout du câble qui plongera dans l'eau nous avons également fixé une vieille anode en zinc. Ce qui fait du poids pour l'allonger sous l'eau et aussi donne une surface supplémentaire de diffusion à la masse. Donc intéressante sur les deux tableaux.
Partie haute du paratonnerre :
Cette partie nécessite un peu plus de travail et de l'attention car tout le travail de l'appareil s'effectuera ici, sur sa tête.
En premier faire un support en laiton ou en cuivre qui servira de "pied" à la pointe finale. Une tige de 30 à 40 cm suffit (facile à se procurer) 7 ou 8 mm de diamètre. Au bout de cette tige il va falloir mettre un système de fixation (partie en laiton d'un très gros domino démonté = idéal) qui va porter la pointe finale faite elle, en métal inaltérable et très pointue (genre une aiguille de couturière mais en inox, platine, or, argent, tungstène…ce que vous trouverez finalement mais il faut un métal inaltérable...). Sur Kerguelen, j'ai mis des aiguilles en inox, faute de mieux (au départ une grande aiguille en platine mais disparue avec la foudre - refaite avec plusieurs cette fois, en inox).
Le support en laiton muni de sa pointe sera fixé sur le mât par deux pontets plastique par exemple et isolé par une petite cale en téflon pour éviter la continuité électrique avec le mat lui-même.
Reste ensuite à faire une bonne liaison électrique entre le pied du support et le hauban qui a été dédié comme "conducteur de foudre" (morceau de la ligne de mise à l'eau ou bien bout de fil électrique mais forte section, 25 mm2 mini).
Voilà votre paratonnerre est fini. Au passage d'un orage, vous aurez la surprise de voir la foudre tomber dessus. Impressionnant quand on est juste en dessous, je vous assure, car le bruit et l'éclair seront concomitants !
Voir sur ce petit dessin une illustration du premier paratonnerre installé en tête de mât...
NB : je vois déjà fuser la question… mais le paratonnerre est juste à côté de l'antenne VHF ?
Oui mais en général elle est recouverte d'une matière isolante ou est en fibre. Elle ne se retrouve donc pas à un potentiel massique comme la tête du paratonnerre qui lui est en prise directe avec l'eau donc une très bonne masse. De plus les antennes (il y en a souvent plusieurs) vont sur des circuits électroniques. Elles ont une certaine impédance (résistance) et la foudre ira toujours au plus facile...
Dernier point…
Concernant la pointe extrême de ionisation du paratonnerre, si on a "de la place autour" , il ne faut pas hésiter à faire plusieurs pointes, ceci ne fera qu'améliorer le pouvoir attirant en créant une pseudo "chambre de ionisation".
Une "astuce dans l'astuce", pour trouver des petites tiges en très bon acier acier inox, il suffit de récupérer des vieux balais d'essuie-glace de bagnoles (ça ne manque pas ). A l'intérieur du balais en caoutchouc, il y a toujours une (souvent deux) tiges plates et très fine en inox. Eh bien vous les retirer par l'extrémité. Vous la couper en trois ou quatre parties (f de la longueur) et vous les soudez ainsi (à l'étain) directement dans le domino support. Ne pas oublier d'affuter en pointe d'aiguille toutes les extrémités. Cela vous fera une tête multi-pointes si vous récupérez plusieurs lamelles et vous les disposez en éventail.
Voir sur cette photo le nouveau paratonnerre de Kerguelen, fait avec des éléments d'essuie-glaces...
Les bateaux métalliques (acier, alu) sont des très bonnes caisses de Faraday et constituent donc une protection quasi parfaite. De plus il est d'usage de dire que le paratonnerre protège à 99 % sous un angle de 90° à partir de sa tête jusqu'au sol. Donc protège une zone grossièrement (cercle/volume de diamètre) équivalente à sa propre hauteur au dessus du sol (eau).
Qu'on se le dise... et bon vent !
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