110 Les algues, ces aliments riches et méconnus...
110 Les algues, ces aliments riches et méconnus…
Partout dans le monde on trouve ces plantes subaquatiques. La plupart d'entre elles sont comestibles et délicieuses, en prime. Elles peuvent être une source d'alimentation saine et riche en oligo-éléments, minéraux et vitamines. Ceci, même si la plupart d'entre elles ne contiennent qu'assez peu de protéines.
Un jour on m'a offert un bouquin passionnant qui parlait uniquement de ces plantes bizarres garnissant le littoral maritime, les estuaires et même certains plans d'eau douce particuliers. Je l'ai égaré mais j'avais pris des notes que je reporte volontiers ici dans cet article en le complétant par des recherches sur la toile. Cela me paraît intéressant pour ceux qui voudraient mettre un peu de diversité dans leurs menus. Se rappeler enfin qu'en cas de disette, voire de survie, ces plantes sont là, près de nous et à portée de mains.
Il est vraiment intéressant de les connaître.
Avant de parler des algues…
Avant de parler de ces algues je voudrai vous parler de deux sources de nourriture, proches des algues et très intéressante car à portée de mains aussi. C'est d'une part le plancton et d'autre part, une plante familière des bords de mer, la salicorne.
Le Plancton…
Le plancton est une matière nutritive assez inclassable. Cette purée multicolore en suspension dans les mers et les océans n'est autre que la flore et la faune qui y vit, tout ceci à l'état embryonnaire et/ou larvaire. D'où ces noms barbares de phytoplancton ou de zooplancton. Ce plancton, cette bouillie vivante, très diluée dans la masse liquide, pourrait donc devenir une source de nourriture pour le naufragé. J'en ai fait l'expérience en haute mer, « pour voir et pour goûter ». Cette pâte gélatineuse et colorée, a vraiment un "goût de chiotte" (on y trouve toutes les apparences, toutes les saveurs et toutes les consistances imaginables…).
De nombreuses études ont été menées sur le sujet.
Voici ce qu'en disait le Prince Albert 1er de Monaco, fondateur du musée océanographique de cette Principauté.
"Le personnel d'une embarcation abandonné sans vivre dans un endroit quelconque des mers tempérées ou chaudes pourrait éviter la mort par inanition s'il possède un filet en étamine munie d'une ligne de 20m pour recueillir la faune pélagique libre".
Ceci était une annonce, faite solennellement, à la tribune de l'Académie des Sciences en 1888.
En 1954 cette fois c'est le docteur Alain Bombard qui va étonné le monde scientifique par son expérience in situ faite en traversant l'Atlantique, à la dérive sur son « hérétique ». Parti sans aucune aide ni vivre, se nourrissant uniquement de plancton, il a survécu ainsi près de quatre mois jusqu'à traverser l'Atlantique d'Est en Ouest. Depuis, de nombreuses autres expérimentations ont été menées, en particulier par l'armée américaine.
Il ressort de toutes ces études en résumé, qu'un être humain normalement constitué, peut se nourrir partiellement avec du plancton et ceci jusqu'à concurrence de 200g de plancton par jour environ. Mais pas en plus grande quantité, sinon l'organisme déclanche des phénomènes d'intoxication et /ou de rejet. Chaque gramme de plancton amenant environ, en moyenne, 4 calories. On pourrait donc arriver à un apport journalier de 800 calories pour l'organisme, par cette manne océanique (200g X 4c.). C'est déjà pas mal.
Là, on n'a pas encore atteint le minimum vital énergétique pour un corps humain moyen de 75 kgs (pour un homme, 55 kg pour une femme). Il faudrait donc trouver d'autres sources de nourriture car le minimum vital est de 1000 calorie /jour environ pour un homme de faible activité. - 2000 c. pour un homme qui bouge et se dépense normalement. - 3000 c. et plus même pour celui qui travaille très dur physiquement (un peu moins de ces mêmes doses, pour une femme).
La salicorne…
Cette plante des bords de mer pousse en abondance toute l'année. On consomme les jeunes tiges de préférence. Elles sont croquantes, juteuses et assez salées. On peut les conserver dans du vinaigre et en faire des "pickles", à la mode anglaise.
Photo…Salicorne2
Dans le même genre (sans être de la même famille) on trouve aussi la criste-marine qui lui ressemble beaucoup. Elle se consomme et se conserve de la même manière que la salicorne. Celle-ci a un goût salé également mais un peu plus piquant et sucré. A maturité la criste-marine fait une ombelle rosâtre très jolie. Tous les mammifères vivant sur les bords de mer se délectent de ces deux plantes car elles leurs apportent, à elles seules, le sel et autres minéraux nécessaire à leur équilibre nutritionnel.
Les algues toxiques…
Parmi les nombreuses algues (on en dénombre près de 30 000 sortes sur la planète, sont regroupées par familles), certaines sont toxiques. Avant de les consommer, il faudra donc bien se renseigner et ceci pour chaque région où vous les récolterez, près des populations autochtones, près des pêcheurs, etc...
François Couplan* nous affirme qu'il en existe surtout d'ailleurs, de ces algues toxiques, parmi les algues d'eau douce. Il faudra donc se méfier en particulier des algues de ce milieu aquatique. Cette toxicité n'est pas forcement permanente ni apparente, certains animaux (canards) peuvent les consommer sans crainte !
Les algues toxiques, microscopiques, sont à l'origine des pertes de naissains d'huitres et de moules dans tous les grands bassins d'élevage. Le phénomène de "marée rouge" est un bon exemple de cette toxicité (Red Tide in English- Marea roja en castillano). Ce phénomène est connu un peu partout dans le monde. Ce développement spectaculaire envahissant est souvent saisonnier et très localisé. C'est fort probablement cela qui est aussi à l'origine du célèbre "Sang de la Mer Rouge", l'une des dix plaies d'Egypte, citée dans la Bible… !
Une observation intéressante, on ne connaît pas d'algues toxiques de grandes dimensions. Certaines peuvent atteindre des longueurs incroyables jusqu'à plus de 100 m de long (Kelp de Terre de Feu). On pourrait donc dire en résumé que seules, les algues microscopiques et celles d'eau douce « sont vraiment à risque ».
Maintenant, reste la pollution due à l'environnement des bassins maritimes où croissent ces algues. Il est bien évident que si vous ramasser des algues à la sortie des égouts de la Hague, eh bien méfiance, elles vont peut-être « rayonner de lumière la nuit dans votre casserole » ! A la sortie de la baie de Fos-sur-mer, elles auront peut-être des couleurs irisées de pétrole dans votre assiette… Ou encore si vous glaner vos salades marines devant les polders de cultures intensives de coton sur les berges de la Mer Noire, eh bien ne soyez pas étonnés qu'elles se retrouvent gorgées de nitrate ou de pesticides en tout genre. Chaque région peut ainsi être polluée localement par l'industrie, l'agriculture intensive, des courants côtiers, des ruissellements miniers.../…autres.
Conclusion : observer bien alentours, l'environnement de l'endroit de votre récolte.
Soyons écolos, dans les yeux avant tout !
Les algues comestibles…
Ces algues sont trop nombreuses pour les énumérer ici. Chaque pays, chaque région, chaque latitude possèdent ses variétés. Mais bien souvent elles se ressemblent et sont rattachées aux même familles.
Je vais parler seulement de celles que l'on retrouve fréquemment…
La Spiruline…
Cette algue est tellement à la mode de l'air du temps, qu'on la connaît même dans les plus petits villages au fin fond de l'Afrique équatoriale. Elle est désormais cultivée partout dans le monde. C'est une mine d'or pour les peuplades démunies. Elle est particulièrement riche en protéine, c'est pour cette raison qu'on la produit artisanalement ou industriellement (elle contient 60% en extrait sec de son poids, en comparaison, la viande de boeuf seulement 25% maxi !). Les Aztèques, les chinois ou les Perses connaissaient déjà cette excellente source de nourriture, permanente, gratuite et prolifique.
Les algues les plus répandues et reconnues comme nourriture alimentaire…
Toutes les algues comestibles ont la faculté de pouvoir se consommer crues ou cuites. Mais pour être mangées crues, elles doivent être jeunes et exemptes de traces ou de résidus de pollution visible dans leur environnement.
Les Fucus, les "salades", laitue de mer, vertes, bleues, ou rouges. Elles se présentent à s'y tromper comme nos feuilles de salades de nos jardins. On dirait des reliques de parchemins, colorées…
Les laminaires, il y en a de très nombreuses variétés. Elles peuvent revêtir des formes extrêmement diverses. En branches, en boules, en lamelles, sur pédoncules - unique ou multiples. Généralement de couleur vert ou brun clair en étant jeunes, elles deviennent brune ou rouge sombre en vieillissant.
On trouve ainsi : le kombu, le wacamé ,l'isiki, le nori (appelé aussi porphyra), la dulse, le cochayuyo, l'Ascophilum nodosum. Et aussi : le varech, l'hiziki, l'yaeyama chorella, l'himanthale (ou haricot de mer). D'autres encore suivant les pays, la langue…
Pour certaines de ces algues, on ne sait pas très bien dans quelle catégorie les classer. En pratique, parfois pour une même sorte d'algue, on en trouve de toutes formes, de toutes couleurs et de toutes grandeurs. De plus, suivant le milieu, une même algue va prendre une allure, une teinte particulière en fonction du substrat sur lequel elle vit. Ces plantes sont assez fascinantes à observer, extrêmement diversifiées.
Un bon moyen de les apprivoiser est de les ramasser, les étudier et de se faire un petit herbier, vous allez devenir un phycologue. Waouh, quel titre ! Ensuite les goûter et apprendre à les cuisiner, là vous devenez illico un "chef mitron". Elles seront très probablement une source de nourriture importante pour les générations futures.
Et si vous inventez un "truc" à faire avec tout ça, vous deviendrez assurément un « génie* », gloups !
* voir sur cette page consacrée à la survie…François Couplan, + lien vers son site…
* génie, ma définition est exactement celle-là : « le véritable génie est celui qui invente et réalise une chose qui n'a jamais été faite ni même imaginée auparavant ».
Qu'on se le dise …et bon vent !
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