Le Trésor Des Kerguelen

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064 L’eau à bord de Kerguelen, astuces…

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064 L'eau à bord de Kerguelen, astuces…

 

 

L'eau cette denrée indispensable à la vie, si abondante et pourtant si fragile.

 

     A bord de Kerguelen, trois réservoirs principaux permettent de stocker environ 360 l d'eau. Dans le cockpit, en réserve supplémentaire et largable, quatre jerricans de 20 l chacun, soit 80 l. Ce qui faisait au total aux environs de 450 l, ceci pour quatre personnes. Nous n'avons jamais manqué d'eau. Sauf une fois où notre réserve était si basse que nous sommes partis en quête de ce précieux liquide, dans la nature ! Mais là, on atteint la survie et c'est tout une histoire, abordée dans un article spécial, consacré à ce sujet.

 

 

Premier problème sur les voiliers, la gîte.

 

Ceci ne vient pas à l'esprit de suite. Mais dès l'instant que vous êtes en navigation, au près serré pour un très long bord*, eh bien vous êtes confronté à cette question… Le transfert de l'eau entre les réservoirs. Eh oui, les réservoirs "hauts" (au vent) auront tendance à se vider dans les réservoirs "bas" (sous le vent). Ceci se fera sans même que vous ne vous aperceviez ! C'est bien là le drame. Le ou les réservoirs bas vont monter en niveau et en pression et tout simplement se vider par leur évents ou leur trop plein. Pire, une fois "amorcés", les évents (souvent extérieurs à la coque) vont faire siphon et vous vider complètement les réservoirs (dans les fonds si les évents sont intérieurs !).

Le problème est donc vraiment à prendre au sérieux pour ce circuit des réservoirs.

 

Alors quoi faire ?

 

Eh bien tout simplement isolés tous les réservoirs entre eux. En premier ils doivent être tous inter connectés mais sur chaque liaison il faut y ajouter impérativement une vanne d'isolement. Ainsi, une fois fait le plein d'eau de tous les réservoirs, il suffit de fermer toutes les vannes de liaison. Et là, choisir sur quel réservoir on va tirer l'eau. On ouvre seulement la vanne de celui qui alimentera les robinets du bord.

Cette gestion de l'eau à bord peut paraître quelque peu compliquée mais, non, cette gestion n'est à faire que pour les  parcours de navigation prévue "agitées" ou quand elles le deviennent !

 

 

Montage du circuit d'eau sur Kerguelen.

 

Un schéma étant plus explicite que le texte voir le dessin du montage dans son principe.

 

NB : J'ai oublié de mentionner sur le dessin ici, la prise en T faite sur la jonction bâbord - Tribord pour la jauge de niveau de remplissage.



     On peut voir que, grâce à la combinaison des vannes 1 à 4 il est loisible de puiser dans tous les réservoirs indépendamment les uns des autres ou mixés.

Petit casse-tête à première vue, mais, non, efficace et rationnel !

 

La vanne n° 5, située juste après le nable de remplissage, n'est pas indispensable au système, simple sécurité pour ne pas se faire polluer les réservoirs en cas de dégradations… Cela peut arriver, hélas !

 

Voilà la combinaison de vannes pour obtenir n'importe quel choix…

 

V1  =  Res Tr seul

V4  =  Res Bd seul

V3  =  Res Ar seul

 

V1 + V2  =  Res Bb & Tr

V1 + V3  =  Res Tr & Ar

V4 + V3  =  Res Bb & Ar

 

V1 + V2 + V3  =  Les 3 Réservoirs ensemble.

 

On peut facilement imaginer un montage avec 4 réservoirs, le principe restant le même, il suffit d'ajouter deux autres liaisons pour obtenir toutes les combinaisons possibles.

Encore une fois, ce montage est vraiment conseillé. A la fois pour ce problème de gîte mais aussi afin de se préserver d'une quelconque contamination de l'eau. Dès que l'on quitte les sentiers battus, l'eau disponible étant loin d'être égale, en qualité phytosanitaire, à celle de nos pays occidentaux. C'est vraiment une sécurité nécessaire.


 

Ensuite l'eau de boisson…

 

     Eh bien à bord, dès que nous sommes arrivés dans les pays où l'eau était douteuse nous nous sommes équipés d'un filtre en porcelaine. Eau réservée uniquement à la boisson. En Afrique dans les années 70, on ne trouvait rien dans ce domaine. Nous avons donc acheté un filtre Katadyn*. Ces filtres sont le nec plus ultra dans ce domaine mais coûtent une fortune  (100 $ de l'époque !). Il existe aujourd'hui des "copies", bon marché, merci ! Elles ne sont sans doute pas aussi performantes mais suffisantes je pense pour être efficace.

 

Voir sur la photo, un filtre Katadyn* et, à côté, une autre marque, discount, en grès.

 

 

A gauche le filtre Katadyn                                      A droite une imitation, bon marché.


Je passe sous silence, les problèmes liés au dessalinisateur (osmoseur) d'eau de mer. Un, nous n'en n'avions pas à bord (n'existaient pas au début du périple et très gourmands en électricité…) et de deux, ils sont très chers. Mais pour les navigateurs désargentés et passionnés dont nous faisons partis, c'est la débrouille qui prime. Donc pour récupérer de l'eau il y a un tas de possibilités. Encore une fois, c'est le but de ces articles de la rubrique T & A…

 

 

Autres possibilités pour avoir de l'eau…

 

 - Faire un taud récupérateur pour la pluie (très efficace sous les tropiques).


 - Chercher des sources, d'où l'utilité des jerricans (nous avons souvent procédé ainsi). Voir l'article sur la survie où je parle de la manière pour rechercher de l'eau dans la nature.


 - Se fabriquer un alambic pour distiller l'eau de mer et obtenir de l'eau douce. Pour ce faire il suffit d'avoir une cocotte minute et, en réserve un petit tuyau de cuivre recuit (un serpentin de 1 ou 1,5 mètres environ). On y ajoute un tuyau souple genre Tubeclair s'adaptant dessus pour la récupération si nécessaire.

On branche le tube de cuivre à la place du bouchon tournant. On emplit la cocotte et on chauffe. La vapeur sort par le bouchon et passe dans le tube en cuivre. Elle se refroidit alors dans le serpentin, et redevient liquide, c'est son but ! A la sortie on obtient de l'eau douce pure.

Bon cette méthode demande de l'énergie mais en cas de nécessité absolue, il vous reste ce moyen de survie pour obtenir de l'eau. En cas d'utilisation de cette eau pure, ne pas hésiter à y ajouter un peu de cendre* avant de la consommer (puis filtrer au bac à sable et/ou à charbon de bois). Prendre celle-ci dans un foyer récent ou bien faire un feu pour en produire et re-minéraliser cette eau. Car l'eau pure est totalement indigeste !

 

 - Enfin, on peut aussi aller quémander chemin faisant chez l'habitant. C'est l'occasion rêvée de rendre un service pour ce besoin. C'est un bon moyen de faire le plein et de mettre en pratique le Troc.

 

Aujourd'hui la mode est plutôt de se rendre dans une marina où tout est payant ! Parfois, c'est indispensable mais quand on peut, on évite. Ecologie oblige sans parler du plaisir de la rencontre, de l'échange.

Bon, notre site n'est pas fait pour ce genre de services, évidement mais pour ceux qui partent à l'aventure, la vraie ! Cela veut dire que l'on ne sait pas ce qui arrivera et surtout que l'on sera SEUL pour affronter les problèmes, les inattendus, les questions et les résoudre surtout… !

 


 Fontaine à eau douce...


     Nous avions fabriqué une fontaine en superposant un pot à eau dans lequel j'avais monté le filtre puis la réserve, en dessous : un bidon isotherme Camping Gaz. J'avais pris ce dernier car en plus d'être équipé d'un robinet verseur d'origine, il était justement isotherme donc intéressant en climat très chaud. On peut y ajouter aisément des glaçons et ainsi avoir toujours de l'eau fraîche en réserve.

Il est possible d'en faire autant avec n'importe quel ustensile muni d'un robinet.

 

     En Amérique du Sud pas de problème, on trouve partout ces filtres et à bas prix (bougies de grès et/ ou de porcelaine, céramique...) de toute grandeur et de toute qualité. Dans le reste du monde également de nos jours, ces filtres sont à la mode ! Il n'y a qu'à faire son choix. On peut acheter également la fontaine qui va avec. C'est une sorte de gros pot de terre cuite, à deux étages dont l'étage supérieur contient le ou les filtres avec l'eau à filtrer. Le pot inférieur, recevant l'eau une fois filtrée par ces bougies, est équipé d'un robinet. Plus il y a de bougies dans le pot et plus le rendement est élevé. Compromis à trouver donc entre vitesse de filtrage et consommation à bord…


Voir un article détaillé sur le sujet, pour l'eau et sa potabilité, réserves,  ici...


Un nouvel article plus spécifique sur les jauges de réservoirs, récent...ici...



Petit truc : il fallait nettoyer de temps en temps ces filtres en forme de grosses bougies. Je les baignais dans de l'eau Javelisée et les frottais avec une brosse à ongle (salissures, mousses parfois). Les nettoyages successifs enlevaient un peu de matière filtrante chaque fois mais un filtre durait souvent plus d'une année. C'est toujours la partie basse des bougies qui s'usent plus vite (ben oui, le bas est plus longtemps dans l'eau que le haut !). Il vaut donc mieux privilégier le nombre à la grandeur de ces bougies filtrantes, le rendement est meilleur.

 

 

Enfin la réserve d'eau de survie…

 

     Pour finir, nos quatre jerricans de réserve sur le pont, dans le cockpit…

Ces jerricans nous servaient à faire le plein dans les endroits où l'eau n'est pas à portée de manche à eau (tuyau !). De plus, en navigation, ils auraient servis de réserve à jeter à l'eau en cas d'avaries grave au point d'être obligés à monter dans le canot de survie. Cette situation est toujours difficile à envisager mais aucun capitaine digne de ce nom ne peut pas "ne pas y penser" ! Ne pas oublier de les munir de poches aluminisées pour les récupérer en mer, si…/… Voir l'article sur la survie.

 

Au quotidien, ils servaient aussi à remplir la douche, portative, genre bonbonne à pression de jardin.

 

 

 

* Allure au près : nous avons effectué 3  fois le parcours Antilles – Guyane, par exemple, ce qui signifie 10 jours, gîté sur le même bord sans manœuvre de voilure. Autre exemple : Guyane – Natal,  3 semaines au près serré mais cette fois en changeant d'amure le soir et le matin (donc manoeuvres de vannes à chaque fois pour puiser sur le bon réservoir !). Parfois virements de bord plus fréquents à cause des grains et/ ou de l'état de la mer. Dans ce cas on tirait volontiers sur le réservoir arrière qui lui, est plus central que les deux autres.

 

 

* Katadyn : Ce produit est une marque Suisse de très grande qualité. De fabrication complexe, il contient du charbon actif, du quartz et des sels d'argent (entres autres…). Il filtre tout ou presque. Il produit aussi très peu d'eau à l'heure à cause précisément de son haut pouvoir filtrant. C'est le top mais son prix est prohibitif. Sur certain modèle, il est ajouté une pompe manuelle pour augmenter son débit…

Bon, c'est à connaître.

De nos jours, ces filtres sont beaucoup moins chers et surtout il existe plein de modèles portatifs.

Voir sur le site du fabricant ici… pour info !

 

* Cendre : à la place ou pourrait mettre de l'argile verte également si vous en avez dans votre cambuse. Les coquillages sont de bons adjuvants aussi car ils sont composés principalement de carbonates, calcium et magnésium. Deux éléments minéraux très intéressants à ajouter ; auparavant il faut les réduire en poudre. Dans tous les cas ne prendre que les particules les plus fines.

 

 

 

Voilà notre expérience en navigation avec les problèmes d'eau à bord.

 

 

Qu'on se le dise…et bon vent !

 


 

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